Apple appelle à abandonner les verrous sur la musique
TELECHARGEMENT•Pour Steve Jobs, lutter contre le piratage passe par une «abolition complète» des DRM...Philippe Berry
Steve Jobs est-il en train de faire son coming-out? Dans un long message posté mardi, le patron d’Apple livre ses «réflexions sur la musique». Et, surprise, il appelle les majors du disque à abandonner les DRM, ces mesures techniques de protection qui encadrent l’utilisation de la plupart des morceaux achetés sur l’Internet. C’est un peu comme si Kim Jong-Il signait le traité sur la non prolifération des armes nucléaires.
Car Apple, c’est l’iPod et iTunes. En gros, 80% du marché de la musique en ligne dans le monde. Une position bien confortable qu’Apple a toujours défendue, notamment avec son système de DRM FairPlay, qui empêche par exemple de lire des chansons achetées sur iTunes ailleurs que sur un un iPod. Un point qui a poussé plusieurs organisations de consommateurs européens à lancer un ultimatum à Apple le mois dernier, pour qu’il «mette en place l’interopérabilité (1) avant septembre 2007». Auraient-elles été entendues?
«Les DRM n'ont jamais pu et ne pourront jamais empêcher le piratage»
Dans ses «réflexions», Steve Jobs explique que «les DRM n'ont jamais pu et ne pourront jamais empêcher le piratage». Et si Apple a malgré tout adopté ces verrous, c’est sur demande des majors, soutient-il. Trouver une alternative et partager la technologie FairPlay avec des concurrents? «Séduisant sur le papier, mais pose trop de problèmes, notamment de fuites», selon Steve Jobs. Non, pour lui, il faut bien abandonner les DRM. Purement et simplement. «C'est la meilleure solution pour le consommateur, et Apple l'adopterait illico», assure-t-il «si les quatre majors du disque (EMI, Sony-BMG, Universal et Warner Music, ndlr) l'autorisaient».
Ces propos de Steve Jobs arrivent après les initiatives de FnacMusic et VirginMega. Depuis le mois dernier, ces plateformes commercialisent des morceaux issus de labels indépendants directement en MP3 (sans protection), comme peut le faire eMusic. Mercredi, Julien Ulrich, directeur général de VirginMega.fr a d'ailleurs salué la position de Steve Jobs comme une «grande victoire pour l’industrie et pour les consommateurs de musique en ligne».
Jusqu’à présent, les majors n’ont déverrouillé leurs titres que très ponctuellement, comme EMI avec le single de Norah Jones, vendu en MP3 sur Yahoo Music en décembre dernier. Mais avec les appels à l’abandon des DRM qui se multiplient, une seule interrogation subsiste désormais: qui, parmi les quatre, se jettera à l’eau la première avec tout son catalogue.