Weibo, le Twitter chinois, veut se lancer à Wall Street
DECRYPTAGE – Le réseau social lancé en 2009 vise la bourse de New York, comme d’autres entreprises de l’internet chinois. Mais la censure pourrait être un frein à sa croissance…Mathias Cena
Weibo vise Wall Street. Celui que l’on appelle le «Twitter chinois» a annoncé vendredi son intention d’entrer à la Bourse de New York et souhaite lever 500 millions de dollars (360 millions d’euros) qui lui permettraient d’accélérer sa croissance. Le tour de la question en quatre points.
Weibo, le Twitter chinois
Ce réseau social lancé en août 2009, été développé par Sina, le géant chinois de l’internet, qui en possède 77,6%. Weibo veut dire «micro-blog» en chinois. La plate-forme, comme son homologue américain, permet de poster un message de 140 caractères chinois maximum en y joignant des contenus multimédia. Comme sur Twitter, les internautes qui «suivent» l’auteur peuvent commenter ou reposter ses publications. Mais là où Twitter possède environ 241 millions d’utiliseurs actifs au moins une fois dans le mois, Weibo en revendiquait 129,1 millions en décembre, dont 61,4 millions qui utilisaient ses services quotidiennement. En décembre, 2,8 milliards de messages y auraient été postés.
Weibo en chiffres
Tout comme Twitter, sa croissance ralentit, même si en 2013, Weibo a réalisé un chiffre d’affaires de 188 millions de dollars, presque le triple de l’exercice précédent à 66 millions. Il est toujours déficitaire mais a réduit sa perte nette de 102 millions à 38 millions de dollars entre 2012 et 2013. Twitter, entré en bourse en novembre, a lui accusé l’an dernier une perte nette de 645 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 665 millions de dollars. Comme Twitter au moment de son entrée en Bourse, Weibo prévient qu'il pourrait ne pas devenir ou rester rentable. Il souligne avoir «une histoire limitée sur un marché nouveau» et être confronté à «une forte concurrence».
La censure, possible frein au développement
La censure qui s’est intensifiée en Chine au cours de l’année dernière a fait naître des doutes sur sa croissance continue. Weibo, tout comme son concurrent principal, une application de messagerie et de flux d’infos nommée WeChat, est dans le collimateur des autorités de Pékin. Dans le document publié vendredi sur le site internet du gendarme boursier américain (SEC), Weibo prévient les investisseurs des incertitudes liées à la censure exercée par le gouvernement chinois, qui pourrait affecter le trafic ou le volume d’informations postées.
En particulier, une réglementation de septembre dernier stipule que les utilisateurs d’internet qui postent ou partagent, en connaissance de cause, des informations fausses ou diffamatoires, risquent jusqu’à trois ans de prison en Chine. «Le gouvernement peut nous demander de limiter ou d’éliminer les informations jugées sensibles. Si nous ne coopérons pas, nous risquerions des amendes, le site pourrait être bloqué complètement ou fermé complètement», précise le document. Qui évoque l’épisode de mars 2012 où Weibo a dû fermer ses commentaires pendant trois jours pour «nettoyer les conversations liées à certaines rumeurs».
Pourquoi se lancer sur le marché américain?
Weibo n'est pas le seul groupe chinois à vouloir profiter de l'engouement actuel à Wall Street pour les valeurs technologiques. Après le moteur de recherche Baidu, le géant chinois du commerce en ligne Alibaba, qui avait d'ailleurs acheté 18% de Weibo à Sina l'an dernier pour 586 millions de dollars, est lui-même en train d'accélérer ses préparatifs.
L'opération aurait toutefois une toute autre envergure, puisqu'Alibaba pourrait tenter selon les médias de lever au moins 15 milliards de dollars. Il rivaliserait ainsi avec Facebook, jusqu'ici la plus grosse introduction en Bourse dans le secteur technologique à New York avec 16 milliards de dollars levés en mai 2012.