La plateforme de musique française Qobuz voit grand

La plateforme de musique française Qobuz voit grand

HIGH TECH – Baisse des tarifs des abonnements dès ce mardi, lancement du service à l’international le 2 décembre: la start-up part à l’offensive et ne craint ni Deezer ni Spotify…
Anaëlle Grondin

Anaëlle Grondin

Depuis que iTunes, Deezer et Spotify sont entrés dans vos vies vous pensiez qu’il n’y avait plus de place pour une autre plateforme de musique en ligne? Yves Riesel, co-fondateur de Qobuz, n’est pas de cet avis. La preuve? Le service qu’il a lancé en 2007 pour permettre aux mélomanes d’écouter en ligne ou de télécharger leurs titres préférés en «qualité CD» commence à prendre de l’ampleur. La plateforme compte 120.000 clients à ce jour, affiche un chiffre d’affaires de plus de 10 millions d’euros, emploie cinquante personnes... et elle ne compte pas s'arrêter en si bon chemin.

La petite Frenchy passe à l’attaque

Non seulement l’entreprise lance le mois prochain son service aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg, au Royaume-Uni, en Irlande, en Allemagne, en Autriche et en Suisse, mais en plus la start-up, positionnée sur un créneau haut de gamme, vient d’annoncer une baisse de ses tarifs de dix euros.

Les deux principaux abonnements proposant une «vraie Qualité CD» (FLAC 16 Bits/ 44,1 Khz) passent de 29,99 à 19,99 euros par mois (Qobuz HiFi) et de 19,99 euros à 14,99 euros par mois (QoBuz HiFi Classique) dès ce mardi. «Au départ, on voulait voir comment ça marche, en se disant qu’il était toujours possible de baisser les prix. On ne voulait pas se griller tout de suite, confie à 20 Minutes Yves Riesel. L’idée, c’était de tester avant de se positionner sur le marché. Ce que l’on fait maintenant.»

Une «aspiration à un retour de la qualité d’écoute»

La plateforme, qui propose 15 millions de titres en version non compressée, vient donc marcher un peu plus sur les plates-bandes d’iTunes, Deezer et Spotify. Et même avec des tarifs qui restent supérieurs à la moyenne (l’abonnement est deux fois moins cher sur les plateformes de streaming rivales), Qobuz voit l’avenir en grand. «Je pense qu’une différence de 10 euros par mois entre la qualité médiocre des services concurrents et la qualité de Qobuz, ça fait vraiment sens», assure Yves Riesel.

Mais le public est-il vraiment prêt à payer plus pour un meilleur son? «Les industriels de l’équipement (enceintes, systèmes de son) sont en train de tirer vers le haut les standards de qualité. Ils ont besoin de monter en gamme. Il y a une attente des consommateurs», répond Alexandre Leforestier, son associé. Yves Riesel, pour qui le mp3 «va tomber en obsolescence» dans les années à venir, renchérit: «Aujourd’hui, les gens investissent dans des casques extrêmement chers pour avoir du confort sonore. Il y a une aspiration évidente à un retour de la qualité d’écoute.»

Un véritable disquaire en ligne?

Au-delà de l’expérience d’écoute, Qobuz, qui compte 15 millions de titres, veut offrir les mêmes services qu’un disquaire. «Deezer, Spotify, Rdio proposent le même catalogue, les mêmes algorithmes», tacle Yves Riesel pour mieux mettre en avant l’offre «segmentée» de Qobuz, qui propose des onglets «pop rock», «chanson française», «jazz», «classique» ou encore «blues country folk». «On a toute une démarche pour faire découvrir des artistes et albums. On emploie d’anciens journalistes qui ont du flair et des connaissances pour produire des contenus: de la documentation ou de l’image qui accompagnent l’expérience d’écoute», ajoute Alexandre Leforestier.

«On vient du milieu de la musique, fait valoir Yves Riesel, également co-fondateur de la maison de disques Abeille Musique en 1997. Les rois de la musique en ligne déjà installés sur le marché depuis un moment ne lui font pas peur: «Nous avons de grandes ambitions. Demain, les plateformes uniformes disparaitront.»