Le patron de BlackBerry prédit la mort des tablettes d'ici cinq ans
•HIGH-TECH – Une affirmation pour le moins audacieuse...Philippe Berry
Thorsten Heins est-il un visionnaire tendance Cassandre ou tente-t-il de rassurer les actionnaires? Dans une interview à Bloomberg, l'homme chargé de sauver BlackBerry affirme que les tablettes vont progressivement disparaître d'ici 2018.
«Dans cinq ans, je ne pense pas qu'il existera plus de bonne raison d'avoir une tablette. Peut-être un grand écran au travail, mais pas une tablette en tant que telle. Les tablettes ne représentent pas un bon business model.» Moquée un peu partout, la citation –dont on n'a pas vraiment le contexte– mérite d'être observée de plus près.
«Un mauvais business model»
Tout dépend à qui l'on demande. Apple, qui a écoulé 20 millions d'iPad au dernier trimestre, soit près de deux fois plus que l'an dernier sur la même période, ne sera pas d'accord. Samsung, Asus ou Amazon, et plus généralement Google avec Android, qui devrait croquer 50% des 200 millions de tablettes (estimations) vendues en 2013, non plus.
Sauf que les succès récents sont vendus à marges réduites, comme l'iPad mini, voire presque inexistantes, comme le Kindle Fire ou le Nexus 7. C'est parce que Google, comme Amazon, ne misent pas sur le hardware mais sur les services, la publicité et les ventes de médias digitaux (MP3, films, séries, apps). Apple, lui, a un pied dans les deux mondes.
En face, des acteurs comme HP ou BlackBerry ont essuyé des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars avec des tablettes haut de gamme qui ne se sont pas vendues. Alors que les ventes de PC dégringolent, réussir à se faire une place sur le front des tablettes premium est compliqué pour BlackBerry. Heins privilégie le marché des smartphones, plus vaste, et surtout plus accessible avec le coup de pouce des opérateurs via les ventes subventionnées dans des contrats de deux ans.
«Pas de bonne raison d'avoir une tablette»
Là, c'est plus compliqué de défendre Heins. Selon les projections de Gartner, les ventes de tablettes devraient plus que doubler d'ici cinq ans pour atteindre 467 millions d'unités annuelles en 2017 –soit presque deux fois plus que les ventes de PC. Selon les experts, les tablettes sont là pour rester, et pas pour disparaître comme les netbooks.
Par le passé, le patron de BlackBerry a expliqué qu'avoir plusieurs gadgets complique la vie de l'utilisateur, même avec une synchronisation des services via le cloud. Sa vision, c'est un futur dans lequel le smartphone deviendrait à 100% notre «personal computer». Il se connecterait à des écrans plus grands selon les besoins (boulot, salon, Google Glass).
Ubuntu va dans cette direction, avec le pari d'un unique système d'exploitation capable de s'adapter aux quatre écrans de notre quotidien. Pour peu que les avions et les trains laissent nos smartphones se connecter à leurs terminaux, ou que les Google Glass s'imposent auprès du grand public, la vision d'un monde sans tablette n'est plus totalement aussi folle. A condition que l'autonomie des batteries des téléphones fasse de sérieux progrès.
Qui, selon vous, a le plus de chances d'être mort d'ici cinq ans: BlackBerry ou les tablettes?