Google TV, c'est pour qui?
HIGH-TECH•La solution de télé connectée de Google est enfin disponible en France via une box fabriquée par Sony vendue au prix excessif de 200 euros...Philippe Berry
Il y a deux ans, la Google TV a fait un flop aux Etats-Unis. A tel point que Logitech a d'abord divisé par deux le prix de sa Revue avant de carrément l'arrêter. Des téléviseurs de LG, Vizio ou Sony ont toutefois rejoint l'aventure avec une version 2.0 du logiciel. Et, depuis jeudi, le constructeur japonais passe à l’assaut du marché français avec une box vendue 200 euros, en attendant un lecteur Blu-Ray à 299 euros. Mais coincé entre la PS3, la Xbox et l'Apple TV d'un côté et les Freebox, Bbox et autres Neufbox de l'autre, la mission s'annonce compliquée.
Google TV, c'est quoi? L'idée, c'est de connecter son téléviseur à Internet et au reste de ses appareils (PC, smartphone, tablette) pour accéder à tous les contenus multimédias sur grand écran, avec des apps pour enrichir l'expérience.
Tous les appareils communiquent
Via le réseau wifi, Google TV permet au téléviseur de dialoguer avec d'autres appareils connectés. On peut par exemple streamer les contenus de son PC vers sa télé (musique, vidéo, photo) en installant un serveur média sur son ordinateur (comme Plex ou TVersity). Pour le dialogue avec les smartphones et les tablettes, c'est plus compliqué. Sur son OS dérivé d'un vieil Android (Honeycomb), Google n'a pas encore –mais ça devrait venir– l'équivalent direct de la fonction AirPlay d'Apple, qui permet de facilement diffuser un contenu mobile sur grand écran. Des apps font un boulot similaire mais l'Apple TV propose une solution intégrée plus simple.
Connecté à Internet
Pour la partie connectée, l'offre commence à s'étoffer. On a accès aux catalogues vidéo (films et séries) et musique de Google et de Sony, ainsi qu'à YouTube. Mais pour le versant télé, c'est le grand néant. Comme aux Etats-Unis, les chaînes ont voulu garder le contrôle de leurs flux et Google TV ne permet donc pas d'accéder aux programmes, même pas en rattrapage –ce que font les box Internet.
Ironie de l'affaire, on peut en revanche se connecter à certains sites comme Pluzz (de France Télévisions) via le navigateur mais il serait surprenant que les acteurs n'en bloquent pas l'accès, comme Hulu a pu le faire aux Etats-Unis en 2010.
Les apps
L'offre de la boutique Google Play reste limitée, surtout du coté des apps optimisées pour le grand écran. Quelques partenaires, comme Au Féminin, France 24 ou 20 Minutes sont là, mais la plateforme de Google devra atteindre une certaine masse critique avant d'attirer plus de monde.
Le problème, c'est que les écosystèmes se recoupent: de nombreuses apps (comme Netflix ou Imdb aux Etats-Unis) sont déjà disponibles sur consoles ou box Internet. Pour d'autres, comme Twitter ou Flixster, il n'y a pas vraiment d'intérêt à les utiliser sur sa télé, même en écran partagé. Sur le canapé, le smartphone ou la tablette restent plus pratique.
Les plus
La solution Sony/Google TV possède quelques avantages. L’interaction avec la télécommande double face (touch d'un côté, clavier de l'autre) est assez intuitive. On peut encore utiliser son smartphone, y compris avec commandes vocales. L'app YouTube reste largement supérieure aux versions sur les autres systèmes. La fonction de recherche universelle, elle, permet de vite s'y retrouver sous une avalanche de contenus. Et le navigateur Chrome est plus performant que celui offert, par exemple, par la Playstation 3.
Le verdict
A ce prix, la solution de Sony n'est pas compétitive. Pour centraliser les contenus multimédia dans sa maison, on trouve des solutions de streaming plus performantes à moitié prix (comme l'Apple TV). A 200 euros, la Playstation 3 ou la Xbox 360 offrent des fonctions similaires et permettent en plus de jouer. Pour la télé à la demande, enfin, les box Internet des FAI sont bien plus adaptées.
Comme plateforme, Google TV aura un avenir si les développeurs s'y mettent et proposent des apps véritablement utiles, et si Google arrive à convaincre les câblo-opérateurs de faire preuve de plus d'ouverture. Mais dans l'immédiat, cette solution de smart TV est trop chère et trop limitée.