Vélib', un vrai succès et le signe d'une implantation du vélo dans la ville
Le Vélib', fameux dispositif de location de vélo en libre service de Paris, fête ce week-end ses cinq ans, un anniversaire qui marque un succès jamais démenti et permet de mesurer la place nouvelle de la petite reine dans les déplacements urbains.© 2012 AFP
Le Vélib', fameux dispositif de location de vélo en libre service de Paris, fête ce week-end ses cinq ans, un anniversaire qui marque un succès jamais démenti et permet de mesurer la place nouvelle de la petite reine dans les déplacements urbains.
"Je ne m'attendais pas à ce que Vélib' devienne à ce point un phénomène de société et soit promu par ceux qui s'en servent": même Bertrand Delanoë, maire PS de la capitale, a vu ses espérances dépassées.
Il "n'imaginait pas, après cinq ans, pouvoir tirer ce bilan" qu'il a détaillé jeudi en quelques chiffres: 138 millions de trajets depuis son lancement le 15 juillet 2007, 225.000 abonnés à l'année, 31 communes limitrophes associées, un déplacement sur deux est professionnel.
Après avoir été une opération déficitaire pendant presque cinq ans, Vélib' est aujourd'hui "un contrat à l'équilibre", s'est réjoui Jean-Charles Decaux, président de JCDecaux, prestataire du service via sa filiale Cyclocity, forte de 360 salariés.
"Les dégradations ont baissé de 40% depuis le pic de 2009-2010 et elles sont à mettre en regard de l'usage massif de Vélib', qui compte chaque jour entre 100.000 et 150.000 usagers", a affirmé M. Decaux.
Celui-ci a reconnu aussi que Vélib' à Paris était une "fantastique vitrine" pour l'entreprise, sollicitée par de nombreuses villes dans le monde.
Bertrand Delanoë raconte volontiers que le maire de New York s'est "fait photographier sur un Vélib'" et que celui de San Francisco "veut absolument" ce service.
Pour MM. Delanoë et Decaux, l'une des clés du succès de Vélib', dont le nombre d'abonnements connaît toujours une progression à deux chiffres, a résidé dans son lancement "massif" et non pas "expérimental".
Vu la popularité de Vélib', l'anniversaire sera célébré un peu en avance ce week-end sur les Champs-Elysées, "privatisés" pour l'occasion.
Parisiens ou touristes, cyclistes avertis ou débutants, sont conviés dimanche à venir pédaler gratuitement au profit d'associations, avec l'objectif de 20.000 km parcourus.
Ces festivités, qui débuteront samedi, se mêlent à d'autres événements liés à la petite reine dans la capitale: la voie Paris-Londres, un nouvel itinéraire cyclable européen de plus de 400 km qui relie désormais les deux capitales, va être "inaugurée" samedi dans la matinée.
Enfin, une nouvelle piste cyclable reliant la place de la Nation et la Gare de Lyon va être aussi ouverte, faisant progresser le "Plan vélo", qui vise l'objectif de 700 km de pistes cyclables en 2014.
"Pour des raisons de mobilité, il faut offrir aux usagers de Paris un maximum de possibilités de se déplacer et faire baisser la pollution: les transports en commun, les tramways, les pistes cyclables, Vélib', tout cela participe d'une même politique", a fait valoir M. Delanoë.
"Après Vélib', j'ai voulu Autolib. Paris est une actrice résolue d'une forme de révolution écologique", a-t-il estimé.
Alors que les vélos représentent maintenant 3% des véhicules dans la composition du trafic, la bicyclette "est amenée à prendre de plus en plus de place. C'est le mode de transport le moins polluant, bon pour la santé et économique pour tous: les utilisateurs, la ville, les contribuables", a jugé Christine Lambert, présidente de l'assocation Mieux se déplacer à bicyclette (MDB). Pour elle, "c'est un mouvement irréversible".
Les chiffres lui donnent raison: entre 1997 et 2007, l'utilisation du vélo a crû de 63%, et de 55% entre 2007 et 2011. "L'avantage de Vélib', c'est que le vélo n'est plus vu comme un truc d'écolos intégristes ou de pauvres qui ne peuvent pas se payer une voiture", s'est félicité Mme Lambert, "c'est juste le moyen le plus malin pour se déplacer en ville".