Leur prof refuse les portables en classe: ils veulent en changer
EDUCATION•Les élèves d'une classe de terminale ont été rappelés à l’ordre...Avec agence
Les élèves d'une terminale technologique du lycée Jean-Lurçat à Paris (13ème arrondissement), qui voulaient changer de professeur d'anglais parce qu'elle leur interdisait l'usage des téléphones portables en classe, ont été rappelés à l'ordre lundi par l'inspecteur d'académie.
«J'ai rencontré la classe lundi matin, non pas pour un dialogue avec eux mais pour les sermonner», a déclaré Philippe Fatras, inspecteur d'académie chargé du second degré à Paris.
«Je leur ai dit combien la communauté éducative était solidaire de la professeur, combien leur action était inacceptable, inqualifiable, puérile, lâche et que nous continuons à rechercher les auteurs de ces actions, pour autant que ce soit possible», a-t-il ajouté.
Lettre d’insultes
Ce professeur d'anglais de 58 ans, Claudine Lespagnol, souhaitait pouvoir faire ses cours dans de bonnes conditions, et donc adressait des remarques aux lycéens qui utilisaient leurs téléphones et envoyaient des SMS en classe.
Après avoir demandé au proviseur du lycée un changement de professeur, sans succès, des élèves ont écrit à Claudine Lespagnol une lettre d'insultes, signée de «la TSTG2» (terminale sciences et technologies de la gestion 2), dans laquelle ils lui demandaient de changer de comportement.
«Nous vous conseillons de procéder à un changement d'attitude, et de cesser de faire des remarques à chaque fois que l'on a un téléphone entre les mains car cela est une perte de temps», selon cette lettre dont l'AFP a eu copie.
Solidarité des enseignants
«S'il n'y a aucun effort de changement de votre part, nous n'avons plus que quelques mots à vous dire: allez vous faire enc..!», ajoutaient les lycéens, en se justifiant aussi d'avoir «volé» à leur professeure une clé USB.
Jeudi après-midi, en signe de solidarité avec leur collègue, les enseignants du lycée avaient débrayé. Ils avaient alors exprimé le sentiment de ne pas être soutenus, ni par la direction de l'établissement, ni par le rectorat de Paris.
«Nous demandons que M. le recteur d'académie porte plainte auprès du procureur de la République contre la classe incriminée et que, par mesure conservatoire, les cours de cette classe soient suspendus jusqu'à nouvel ordre», ont ensuite demandé les professeurs vendredi.
«Juridiquement, on ne peut pas prendre de sanction collective»
«Cet état de fait n'est qu'un élément d'un contexte plus global de malaise grave au travail qui touche à la fois les agents techniques et de service et les enseignants. Toutes les démarches entreprises depuis octobre 2009 sont restées pour l'instant sans effet significatif», ont-ils ajouté.
L'inspecteur d'académie a apporté lundi son soutien aux enseignants du lycée mais n'a pas pris de sanction contre la classe. «Juridiquement, on ne peut pas prendre de sanction collective», a-t-il expliqué.
L'enseignante, appuyée par le proviseur, a en revanche porté plainte pour menaces et pour le vol de la clé USB, a-t-il dit.