POLITIQUELe paquebot FN est devenu une vraie galère

Le paquebot FN est devenu une vraie galère

POLITIQUELe report de la vente du siège du parti d’extrême droite illustre ses déboires financiers...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

Le «Paquebot» reste le bec dans l'eau. Etranglé par une dette de huit millions d'euros, le Front national n'est toujours pas parvenu à vendre son siège historique de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Prévue le mardi 29 septembre, la vente aux enchères du bâtiment de 5.200 m2 a été reportée sine die. «Le Front national ne communique plus sur ce sujet, répond, agacé, Wallerand de Saint-Just, avocat et vice-président du parti. Mais il faut bien reconnaître que nous n'avons jamais reçu d'offre claire accompagnée d'un chèque!»

Les parts du «Paquebot» saisies

Fernand Le Rachinel commence à trouver le temps long. Ancien élu FN, cet imprimeur normand de 67 ans a prêté plus de six millions d'euros à Jean-Marie Le Pen. C'était en 2007. Le président du FN avait promis de le rembourser après la victoire aux législatives. Ce fut une lourde défaite (4,3 %). Incapable de récupérer son dû, Fernand Le Rachinel a déchiré sa carte du parti et saisi la justice. En février dernier, le FN a été condamné en appel à rembourser sa dette plus les intérêts (6,9%).

La facture s'élève à près de sept millions d'euros. «Mais on n'a toujours pas vu la couleur d'un centime», s'énerve Robert Apéry, l'avocat du créancier. Décrit comme quelqu'un de «conciliant», l'imprimeur est donc devenu exigeant. Il a saisi les parts du «Paquebot» que le FN possède. En clair, si le parti n'arrive pas à vendre le bâtiment, Le Rachinel va s'en charger lui-même. Et à son prix. «Nous vérifions les derniers détails juridiques. Mais, dès janvier, nous comptons vendre aux enchères les parts du Front national jusqu'à obtenir le remboursement de la créance», poursuit Robert Apéry. «Il peut toujours essayer, rétorque Wallerand de Saint-Just. On verra bien s'il trouve des amateurs...»

«Allez planter des tomates»

Pour le politologue Jean-Yves Camus, cette affaire est l'illustration même «du fonctionnement antidémocratique du Front national». Au lendemain de la déroute électorale de 2007, plusieurs cadres du parti avaient déjà conseillé à Jean-Marie Le Pen de vendre «son Paquebot». «Plutôt que de dire ça, vous feriez mieux d'aller planter des tomates !», leur avait alors rétorqué le leader du parti. Deux ans après, c'est pourtant lui qui continue de récolter les ennuis.