INTERVIEWGilles Simeoni: «Le procès Colonna laissera un goût de sang dans la bouche de tout démocrate»

Gilles Simeoni: «Le procès Colonna laissera un goût de sang dans la bouche de tout démocrate»

INTERVIEWL'un des avocats d'Yvan Colonna fait le point sur l'affaire à la veille du verdict du procès en appel...
Julien Ménielle

Julien Ménielle

A quel genre de condamnation vous attendez-vous?

L'accusation reste sur les rails qu'elle n'a jamais quittés, il ne fait donc aucun doute que les réquisitions et la condamnation seront extrêmement lourdes. Mais nous avons l'intention de nous pourvoir immédiatement en cassation et de saisir la Cour européenne des Droits de l'homme.


Vous maintenez donc qu'il y aura un troisième procès Colonna?

Oui, nous sommes confiants. La Cour de cassation ne peut que reconnaître les nombreuses aberrations procédurales. Et avec un procès et une instruction aussi inéquitables, la Cour européenne devrait condamner la France, ce qui ouvrira la voie à un troisième procès.


Selon vous, Yvan Colonna est donc innocent?

Nous sommes persuadés de son innocence, mais même au-delà de ça, le procès Colonna laissera un goût de sang dans la bouche de tout démocrate. La cour, comme les parties civiles, n'ont jamais voulu aller sur le chemin de la vérité. On a refusé ne serait-ce que d'envisager qu'Yvan Colonna était innocent. C'est pourquoi il a préféré quitter ce simulacre de procès.


Ce type de défense rappelle celle d'Antonio Ferrara en novembre dernier...

La comparaison est imparfaite. D'abord parce que pour Colonna il s'agit d'un procès en appel. Ensuite parce que quand il a décidé de quitter l'audience, ce fut un choix lourd, à un moment où tout nous était favorable. Dans un procès normal, on s’acheminait tout droit vers l'acquittement. Mais il est tombé dans le guet-apens judiciaire d'une cour d'appel spéciale, et tout particulièrement de son président, qui a orienté les débats à charge.

Pourquoi lui, pourquoi Yvan Colonna?

Je sais que depuis notre départ de l'audience, on parle des théories paranoïaques de complot de la défense. Mais nous savons, et cela a été confirmé au procès par un haut dirigeant des renseignements généraux, qu'Yvan Colonna était suspecté dès 1998. Rien à voir avec un nom donné spontanément par les membres du commando. Maintenant, sur les raisons de ces soupçons, c'est l'écran noir, les RG ne se sont pas expliqués. Ce n'est quand même pas à nous d'expliquer pourquoi le nom de Colonna est apparu.