Un drone, au juste, qu'est-ce que c'est ?
DECRYPTAGE•Tout savoir sur les nouveaux engins de la police...Christina Lionnet
On vient de l’apprendre, la nouvelle recrue de la police française est un drone. Un drone (ou «bourdon» en traduction littérale de l’anglais), stricto sensu, est un engin volant capable d'effectuer une mission sans présence humaine à bord. L’appareil retenu par le ministère de l’Intérieur a un petit nom: Elsa.
Mais au fait, à quoi ressemble l’engin? Selon Patrick Guyonneau, du Service des technologies de sécurité au ministère de l’Intérieur, Elsa ressemble à un croisé entre «la chauve-souris et l’aéromodélisme». C’est un petit drone, d’une envergure d’un mètre environ. Il a une autonomie de trente minutes. L’appareil, pesant moins d’un kilo, fonctionne grâce à une batterie légère et puissante. «Il y a plusieurs jeux de batteries et on les recharge... comme une batterie de téléphone portable», ajoute Patrick Guyonneau.
Différentes tailles drones
Avec un mètre d’envergure, Elsa fait partie de la catégorie des petits. Mais des drones, il en existe de toutes tailles, avec des fonctions multiples. «Parmi les gros, on trouve par exemple le Global Hawk. Il fait quarante mètres d’envergure et pèse 14 tonnes. Il sert notamment en Afghanistan et en Irak. Il vole à 20 kilomètres d’altitude et fait des images du sol.
Il y a aussi le Predator, utilisé par exemple à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, pour la surveillance des flux migratoires», explique Claude Le Tallec, chargé de mission «systèmes de drones» à l’Onera, centre français de recherche aérospatiale.
Des «bourdons» à trajectoire programmée
L’utilisation des drones daterait de la guerre du Vietnam. Tandis que les gros drones sont construits par des groupes importants (ex :Northrop Grumman pour le Global Hawk) les drones plus petits sont produits par une multitude d’entreprises plus modestes de taille.
En fonction de leur composition et de leur envergure, ils peuvent être utilisés dans le militaire comme dans le civil. «Au Japon, les drones sont utilisés pour l’épandage agricole, explique Claude Le Tallec. Mais les drones peuvent tout aussi bien être utilisés, par exemple, pour l’inspection des piles de pont. Prenons l’exemple du viaduc de Millau: mettre des gens avec des échelles serait très compliqué, alors que ce travail peut être effectué par un drone.»
Législation assouplie
Pratique… Comment se fait-il alors que les drones ne soient pas davantage utilisés en France? « Ce qui limite l’utilisation des drones dans le domaine civil, reprend Claude Le Tallec, est le problème de leur compatibilité avec les avions pilotés qui évoluent eux aussi dans l’espace aérien. Les pilotes voient, alors que le drone suit une trajectoire programmée et ne voit pas si quelqu’un est à proximité.»
En août dernier, cependant, la législation s’est assouplie, permettant de faire voler de petits drones. Potentiellement, on peut imaginer qu’ils remplacent les avions ou les hélicoptères pour certaines fonctions comme la surveillance des cultures. Mais il faut alors avoir recours à des drones relativement sophistiqués avec une durée d’autonomie importante. La question de la rentabilité rentrera alors également en jeu, déterminant le fait que des «bourdons» plus nombreux viennent ou non sillonner nos cieux.