Tests ADN, les pour et les contre
IMIGRATION•La classe politique partagée...P. K.
Alors que le Sénat examine mardi après-midi le projet de loi sur l’immigration, un des principales mesures, les tests ADN comme preuve de filiation dans la procédure de regroupement familial, continue de diviser la classe politique. Si la gauche est globalement contre, la mesure a également semé le trouble chez les parlementaires UMP. Petite cartographie non exhaustive pour s’y retrouver.
Les pour
Thierry Mariani, député UMP à l’origine de l’amendement: «Il ne s’agit que d’un outil de plus à disposition de l’immigrant dans l’arsenal administratif actuel. Aujourd’hui, les consulats bloquent pendant des mois l’obtention de visas quand ils sont face à des états civils douteux. Le test ADN permettra tout simplement d’accélérer la procédure pour ceux qui veulent prouver leur bonne foi.»
Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement: «c'est quand même un sujet sur lequel on n'est pas non plus totalement sur du politiquement incorrect tel que peuvent le dénoncer les beaux esprits». «De très nombreux pays européens ont déjà les tests ADN».
Brice Hortefeux, ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale: «Douze pays européens parfaitement démocratiques y ont déjà recours: l’Allemagne, le Royaume-uni, l’Espagne, l’Italie mais aussi l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, la Lituanie, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède ». Dès lors, « la France doit-elle se tenir à l’écart en refusant d’adopter une technique éprouvée par ses partenaires européens?»
Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée: «Nous sommes plutôt partisans de la solution que nous avons adoptée à l'Assemblée. Nous avons eu un débat difficile la semaine dernière, il y a eu des sous-amendements du gouvernement qui ont permis d'avoir un texte équilibré. C'est pour faciliter les procédures pour ceux qui sont candidats au regroupement familial».
Les contre
Charles Pasqua, sénateur UMP des Hauts-de-Seine et ancien ministre de l'Intérieur: «Le choix des tests ADN n'est pas acceptable (...) Cela rappelle de mauvais souvenirs, à nous gaullistes. On sait l'usage qu'ont fait les nazis de la génétique».
Michel Rocard, ancien Premier ministre PS: «On sait très bien que jeter, grâce au test ADN, le doute dans bien des familles qui n'en ont pas besoin est une chose extrêmement dangereuse».
Amnesty international France. L'amendement «risque de conduire les services consulaires à mettre systématiquement le doute sur l'authenticité des documents présentés et à considérer l'absence d'une telle demande comme la reconnaissance implicite d'une demande frauduleuse».
Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes (issu de la gauche): «Je trouve que cette proposition de tests ADN dans le cadre du traitement des demandes de visas n'est pas opportune : que dirait-on si l'on imposait des tests ADN pour des Français candidats à l'émigration? Comment traitera-t-on les demandes relatives aux adoptions?»
Jean-Pierre Raffarin, sénateur UMP, ancien Premier ministre: La suppression par le Sénat de l’amendement voté à l’Assemblée n’est «pas une fronde» mais «de la sagesse». «Le débat a lieu aussi à l'intérieur du gouvernement».