Attentats de novembre: des avocats de victimes critiquent le manque de coopération entre services

Attentats de novembre: des avocats de victimes critiquent le manque de coopération entre services

Des avocats de victimes des attentats du 13 novembre ont pointé ...
© 2016 AFP

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Des avocats de victimes des attentats du 13 novembre ont pointé mercredi, devant la commission d'enquête parlementaire, un manque de coopération entre les services de police, de renseignement et la justice, et parfois des failles internes, qui ont selon eux permis les attaques.

«La Belgique n'a pas cru bon de transmettre les informations qu'elle avait concernant Abaaoud», un des organisateurs présumés des attentats, «et la filière de Verviers en 2015, ce qui aurait certainement permis d'épargner la vie de personnes innocentes», a critiqué Me Samia Maktouf, qui accompagnait son client Omar Dmoughi, un vigile du Stade de France.

Les services de renseignement français n'ont de leur côté pas «porté à la connaissance de la justice en temps utile des informations susceptibles d'être exploitées» pour anticiper ces derniers attentats, les plus meurtriers jamais commis en France, a déploré Me Olivier Morice.

«A aucun moment, les affaires n'ont été interconnectées», a aussi regretté Me Patrick Klugman, accompagné d'une victime des attentats perpétrés en 2012 par Mohamed Merah à Montauban et Toulouse. «Les jihadistes ont le sens du message, du temps long. Quand (Fabien) Clain revendique les attentats du 13 novembre, alors qu'il est organiquement lié à Merah, nous sommes en présence d'éléments qui n'ont pas été compris», a-t-il argumenté.

Les membres de filières jihadistes du Sud-Ouest, notamment une filière ariégeoise, étaient connus depuis près d'une décennie, mais leur cas a été traité affaire après affaire, sans vision globale, a pesté Me Klugman, pour qui la justice «réagit dans des séquences très scindées».

Me Maktouf a dit avoir effectué en 2012 des «demandes d'actes» pour empêcher Clain, «le mentor de Mohamed Merah», et Souad Merah, sa soeur, de «quitter le territoire» mais «ça n'a pas été fait».

Alors que les services de renseignement savaient que les salles de spectacle parisiennes étaient des cibles potentielles des jihadistes, particulièrement le Bataclan, ses propriétaires n'ont «pas été avertis» et «aucune mesure de sécurité particulière n'a été prise», a par ailleurs regretté Me Morice. Les policiers de la BRI n'avaient «pas le plan» du Bataclan, alors qu'on a pu en retrouver un «dans le portable d'un terroriste», a-t-il moqué.

De l'attaque de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 aux attentats du 13 novembre, «les moyens mis en oeuvre, c'est zéro», s'est ému René Guyomard, père d'une victime, qu'accompagnait Me Morice. «Mon fils n'a pas été protégé (...) Si toutes ces informations avaient été transmises et prises au sérieux, il serait encore en vie.»

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