Lyon: le succès du musée des Confluences masque les difficultés d'autres établissements
Malgré ses airs de musée +fourre-tout+, le musée des Confluences se veut le "musée universel", un parti pris qui a rencontré un indéniable succès à Lyon à l'heure où de petits musées de la ville sont menacés de disparition.© 2015 AFP
Malgré ses airs de musée +fourre-tout+, le musée des Confluences se veut le «musée universel», un parti pris qui a rencontré un indéniable succès à Lyon à l'heure où de petits musées de la ville sont menacés de disparition.
Navire futuriste de métal et de verre, le musée trône à la confluence, là où le Rhône rencontre la Saône. Porte d'entrée dans Lyon pour les visiteurs venant du sud, il est devenu un point de repère visuel dans la ville, au même titre que la basilique de Fourvière ou la tour «crayon» de la Part-Dieu.
Est-ce parce qu'il est ludique ? Beaucoup d'objets sont à portée de main, il y a peu de vitrines. Ou parce qu'il y a quelques pièces spectaculaires qui font la joie des familles comme ce squelette de dinosaure herbivore originel à 80%, ou ce fragment d'enfant Homo sapiens ? Reste que l'affluence est bien meilleure qu'attendu: plus de 823.000 visiteurs payants à quelques jours de ses un an (le 20 décembre), alors que le budget tablait sur 500.000.
Et comme espéré, ce nouveau lieu culturel aide au rayonnement de la ville, 20% du public venant du reste de la France et 7% de l'étranger.
Un succès qui rend «heureuse» la direction après tant d'années de déboires et de polémiques. Ouvert avec dix ans de retard, sa construction a coûté près de 257 millions d’euros, soit quatre à cinq fois plus que prévu. Par comparaison, le musée du Quai Branly à Paris a coûté 232 millions et le MuCem à Marseille, qui a transfiguré le Vieux-Port, 191 millions.
Un gouffre inenvisageable dans le contexte budgétaire actuel et qui a bien failli ternir à jamais sa réputation, lui qui se voulait LA vitrine du grand projet de réhabilitation de la Confluence, jadis quartier portuaire et industriel.
«On a un public populaire mais dans le bon sens du terme», explique à l'AFP, la directrice du musée, Hélène Lafont-Couturier. «Nous avons une approche inter-disciplinaire (art, science, ethnographie...), qui cultive goût de la découverte» et «esquisse les questions fondamentales». «On est quelque part au musée universel», ajoute-t-elle.
- Menaces sur le musée des Tissus -
Pour l'avenir, elle mise sur les expositions temporaires, six à sept par an. Notamment, en avril, «Antarctica» une exposition sur la biodiversité et le réchauffement climatique montée avec le cinéaste Luc Jacquet; ou en juin «Le monde à ses pieds» en collaboration avec le musée de la capitale de la chaussure de luxe française, Romans-sur-Isère (Drôme).
Toutefois, l'équipe devra aussi composer avec un budget en baisse de 6% pour 2016. Car la billetterie ne finance qu'une petite partie du budget de fonctionnement proche des 19 millions d'euros par an, assumé à 90% par la Métropole de Lyon et à 10% par le département du Rhône.
Des coupes budgétaires qui touchent désormais de nombreuses institutions culturelles et menacent sérieusement deux autres musées à Lyon, dont le très emblématique musée des Tissus, dans une ville réputée pour ses soyeux.
Le musée des Tissus, qui abrite la plus importante collection de textiles du monde, et son voisin des Arts décoratifs, sont en effet gérés par la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon. En raison d'une baisse de près de 40% de ses recettes fiscales entre 2015 et 2017 décidée par l'Etat, la CCI craint de ne plus avoir les moyens d'assumer ces deux musées.
«Pour l'instant j'ai une fin de non recevoir de la Métropole de Lyon», regrette le président de la CCI, Emmanuel Imberton, interrogé par l'AFP«. Nous avons pris contact avec la direction des Musées de France qui pour l'instant se retranche derrière un rapport commandé par l'inspection générale des affaires culturelles. Le Louvre s'est intéressé au dossier, puis l'a refermé».
Le musée africain de la ville, institution privée, a lui carrément lancé une opération de financement participatif pour survivre.