Air France: rassemblements en soutien «aux inculpés» et pour l'emploi
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées jeudi à Paris et des centaines en région pour le maintien de l'emploi au sein d'Air France et en soutien "aux inculpés" impliqués dans les violences début octobre.© 2015 AFP
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées jeudi à Paris et des centaines en région pour le maintien de l'emploi au sein d'Air France et en soutien «aux inculpés» impliqués dans les violences début octobre.
A Paris, ils étaient «au moins 7.000», selon la CGT, 2.200 selon la préfecture de police.
Plus de trois semaines après les violences spectaculaires intervenues lors d'un comité central d'entreprise (CCE) à Air France, où deux dirigeants se sont retrouvés partiellement déshabillés, l'ambiance a été calme, mais avec pétards, sifflets et fumigènes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Certains chantaient «Tomber la chemise» de Zebda, sous un nuage de drapeaux des principaux syndicats ayant appelé au rassemblement (CGT, SNPL, Spaf, FO, Unsa...).
A Paris, ils ont manifesté à proximité de l'Assemblée nationale, non loin d'un CCE qui avait démarré dans la matinée pour examiner un plan de restructuration menaçant jusqu'à 2.900 emplois en 2016 et 2017.
La direction Air France y a d'ailleurs confirmé la suppression de 1.000 postes en 2016.
«C'est une mobilisation pour l'emploi, une manifestation pacifique qui démontre que les salariés d'Air France, toutes professions confondues, sont solidaires», a commenté Alexandre, délégué du deuxième syndicat de pilotes d'Air France (Spaf), venu en uniforme.
«On a une entreprise qui va renouer avec les bénéfices et qui poursuit un plan de diminution d'emplois. Les salariés sont excédés, ils n'acceptent pas de se faire tondre, ils ont subi des plans successifs depuis des années et ils ne voient pas le bout du tunnel», a-t-il résumé.
Des pancartes réclamaient «La sauvegarde des emplois à Air France», «Ne brisez pas nos ailes» ou «De Juniac dehors», en référence à Alexandre de Juniac, PDG du groupe Air France-KLM.
Pendant le rassemblement, l'intersyndicale a été reçue par des députée PS, dont la présidente de la commission de Affaires sociales Catherine Lemorton.
D'autres personnalités politiques d'extrême-gauche se sont mêlées aux manifestants, notamment Pierre Laurent (PCF), Eric Coquerel (PG), Olivier Besancenot (NPA) et Nathalie Arthaud (LO). Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a aussi répondu présent.
- 'On n'est pas des voyous' -
Les manifestants se sont dit solidaires des cinq salariés d'Air France poursuivis pour violences en réunion, soupçonnés d'être impliqués dans l'agression des deux dirigeants qui avaient fui des salariés en colère, chemises en lambeaux, lors de l'annonce du plan le 5 octobre. Mis à pied sans salaire, ils seront jugés le 2 décembre.
La banderole de l'intersyndicale, constituée d'une douzaine de syndicats, appelait ainsi à l'«arrêt des poursuites disciplinaires et judiciaires, nous ne sommes pas des voyous».
Laurent, responsable CGT à Aulnay-sous-Bois, venu en soutien de ses camarades d'Air France, portait une chemise blanche déchirée, au dos de laquelle était écrit: «Vaut mieux licencier 2.900 salariés que de déchirer deux vulgaires chemises, la justice sociale Hollande-Valls-Macron».
Un important déploiement policier a été mobilisé autour des manifestants, avec plusieurs dizaines de fourgons de CRS. Et l'accès à l'Assemblée depuis la place a été barré.
«C'est nous les méchants ? Eh bien non !», a lancé Philippe Evain, président du premier syndicat de pilotes de la compagnie (SNPL Air France), sur la scène.
A Toulouse, quelque 200 manifestants ont défilé à l'intérieur de l'aéroport Blagnac dans la matinée, aux cris «On n'est pas des voyous», a constaté un photographe de l'AFP. Devant l'aéroport, une grande banderole proclamait: «Halte aux licenciements!! Halte aux sanctions!! Non aux licenciements!! Oui à un développement d'Air France !»
A Strasbourg, une centaine de personnes se sont rassemblées devant l'aéroport d'Entzheim. Dans la capitale alsacienne, les syndicats protestaient à la fois contre le plan de restructuration de la compagnie et la suppression de la liaison entre Strasbourg et Orly.
La CFDT et CFE-CGC n'avaient, elles, pas appelé à la mobilisation.