Très haut débit
Trop vite, il vient de passer sur son vélo, il n’a pas vu le café. Il revient et se gare. Il est pressé, il a un autre rendez-vous à 18 heures. Christophe Aguiton est un homme occupé. Il est à la fois fondateur du syndicat SUD, membre de la LCR et de la c© 20 minutes
Trop vite, il vient de passer sur son vélo, il n’a pas vu le café. Il revient et se gare. Il est pressé, il a un autre rendez-vous à 18 heures. Christophe Aguiton est un homme occupé. Il est à la fois fondateur du syndicat SUD, membre de la LCR et de la commission internationale d’Attac, tout en travaillant à France Télécom. Il se défend d’en faire trop à la fois, en expliquant qu’il y a une rotation des responsabilités dans ces organismes. Pas le temps de s’enliser ni d’enliser les autres donc. Et la rentrée, il la sent comment ? Suit un quart d’heure de cours magistral sur la géopolitique sociale française, d’où il ressort que « tous les ingrédients sont là pour que ça pète, mais impossible de dire s’il y aura une explosion unique ou une succession de secousses ». Entre autres ingrédients : « Le gouvernement qui accumule les conneries, une politique reaganienne qui voit l’enrichissement de certains et l’aggravation de la précarité, les risques de privatisations et la réorganisation militante. » Pour Aguiton, il ne faut pas oublier « qu’il y a eu trois fois un million de personnes dans la rue cette année ». Preuve que la politique n’est plus le « débouché naturel de la contestation ». Reste à organiser, fédérer idées et mécontentements. Pour cela, il est favorable aux alliances les plus larges possibles, quand Jacques Nikonoff, patron d’Attac, semble préférer, selon Aguiton, une « vision professorale » de la contestation, où ceux d’en haut enseignent aux militants d’en bas. Aguiton ferait donc partie de la caste des nouveaux qui parlent beaucoup et non de celle des anciens qui dictent avec parcimonie. A force de parler, il finit sans doute par s’écouter, mais il n’est pas le seul. Il a été pressenti comme conseiller antimondialisation de Jospin. La rentrée pour notre homme n’est pas que sociale, elle est aussi mondiale et technologique. Il s’envole pour le Brésil et discute « montée des réseaux ». Au fait, il fait quoi à France Télécom ? Il est chargé d’étudier les nouvelles technologies et leurs conséquences dans la société. Il a commencé technicien. Preuve que le courant est passé, de bas en haut. Arnaud Sagnard Photos : Cédric Martigny