Paris Plages: «Tel Aviv sur Seine» prévu jeudi provoque une vive polémique
•La décision de la mairie de Paris de mettre à l'honneur la ...© 2015 AFP
La décision de la mairie de Paris de mettre à l'honneur la ville israélienne de Tel Aviv jeudi 13 août, dans le cadre de Paris Plages, a provoqué la colère d'élus et d'associations pro-palestiniens qui ont réclamé l'annulation de l'événement qu'ils considèrent comme une promotion de la politique israélienne.
«Le cynisme de l’organisation d’une telle journée dans le cadre de Paris Plages atteint les sommets de l’indécence», a dénoncé dès samedi, la conseillère de Paris Danielle Simonnet (Parti de gauche). Alors que le sujet a enflé sur les réseaux sociaux, où de nombreux dérapages antisémites sont apparus, elle a déploré qu'aucun «échange avec des Israéliens humanistes n'y est prévu, encore moins un débat sur la situation du peuple palestinien».
L'élue a donc demandé l'annulation pure et simple de «Tel Aviv sur Seine», ou alors «d'en modifier radicalement la programmation» en permettant «des rencontres-débats sur les événements de l’an dernier et la situation actuelle».
Le même jour, une pétition a été mise en ligne sur le site Avaaz.org. «Un an après le massacre de Gaza, Israël maintient le blocus, intensifie l'implantation des colonies, continue sa politique d'apartheid ainsi que les arrestations arbitraires de Palestiniens» peut-on lire dans ce texte, qui demande aussi de déprogrammer l'événement. Lundi soir, plus de 15.500 personnes l'avaient signé.
La mairie de Paris a rapidement tenté de désamorcer la polémique. «Nous refusons les amalgames entre la politique de colonisation brutale du gouvernement israélien et la ville de Tel Aviv qui est une ville progressiste, symbole de paix et de tolérance», a déclaré dimanche à l'AFP le premier adjoint à la mairie de Paris, Bruno Julliard.
Il a rappelé que ce partenariat s'était noué en mai, lors d'un voyage de la maire de Paris Anne Hidalgo «dans les villes israéliennes et palestiniennes» et que la capitale française souhaitait «renforcer les échanges entre Paris et des villes tant d'Israël que de Palestine».
- Crainte de débordements -
Lundi matin, Danielle Simonnet a insisté, disant craindre que «ça se passe très mal» jeudi. Dans le même temps, l'association CAPJPO-Europalestine (Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient) a appelé à manifester «toute la journée» de jeudi et dénoncé «cette scandaleuse propagande» de l'«État terroriste» d'Israël.
Selon des sources policières, un renforcement «très conséquent» du dispositif de sécurité est à l'étude à la préfecture de police.
Les mises en garde de Danielle Simonnet ont agacé Bruno Julliard qui n'envisage pas d'annuler l'événement. Mme Simonnet «se réveille ce matin en disant attention, il va y avoir des débordements jeudi, la sécurité ne sera pas assurée, alors que ça fait tout de même trois jours que, tant sur les réseaux sociaux que dans les médias, elle attise une partie de la contestation la plus radicale contre cette manifestation», a-t-il déploré.
Réagissant aux appels au boycott, la mairie de Tel Aviv a salué pour sa part lundi le «courage» d'Anne Hidalgo et son refus d'annuler la manifestation. «Le modèle de la mairie de Paris de construire des ponts entre les peuples est le bon pour faire avancer la cause de la paix», a estimé Eitan Schwartz, conseiller du maire de la ville.
Dans un communiqué, les élus du groupe Communiste-Front de gauche au Conseil de Paris se sont dits consternés de n'avoir «jamais avoir été associés ou informés» d'une telle initiative, «alors que Tel-Aviv est la capitale économique d'un pays dont le gouvernement d’extrême droite méprise quotidiennement le droit international et mène une politique brutale de colonisation des territoires palestiniens».
Le dessinateur Tardi a apporté son soutien aux anti «Tel Aviv sur Seine» avec un dessin représentant des chars et des bateaux de l'armée israélienne paradant sur les quais de Seine où flottent des cadavres de Palestiniens.
Philippe Goujon, président de la fédération Les Républicains de Paris, souhaite pour sa part le maintien de l'événement. Dans un communiqué, il s'indigne d'une polémique «trop souvent nauséabonde et écœurante de bêtises, de haine et d'aveuglement» et pointe les dissensions au sein de la gauche parisienne «profondément divisée sur le fond».
Fadila Mehal, conseillère de Paris UDI-Modem, a salué l'organisation d'une telle journée. «Tel Aviv est une ville ouverte, tolérante, progressiste, ses habitants méritent notre respect car ils peuvent être des facteurs de changement et de paix», a-t-elle souligné dans un communiqué.