Stop aux violences sexistes dans les transports: un plan sur les rails

Stop aux violences sexistes dans les transports: un plan sur les rails

Mains aux fesses, propos sexistes dégradants, regards libidineux: ...
© 2015 AFP

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Mains aux fesses, propos sexistes dégradants, regards libidineux: le harcèlement et les violences sexuelles dans les transports en commun doivent être reconnus et combattus par tous, usagers, opérateurs, collectivités, préconise le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh).



Chiffre éloquent, 100% des utilisatrices de transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle, souligne le HCEfh, se basant sur des «consultations citoyennes» menées en mars auprès de 600 femmes de Seine-Saint-Denis et d'Essonne.

La présidente du HCEfh, Danielle Bousquet, a remis jeudi à la secrétaire d'Etat chargée des Droits des femmes, Pascale Boistard, un rapport destiné à lutter contre ces violences sexistes.

Le harcèlement, ce n'est pas de la «drague» ou de la flatterie. Cela peut prendre des formes diverses, sifflements, commentaires sur le physique, non punis par la loi, ou des injures, punies par la loi, souvent méconnue des victimes.

«J'étais dans le bus un soir et des mecs ont commencé à me pourrir, avec des insultes et des gestes vulgaires... L'humiliation totale! Mais j'ai tenu jusqu'à mon arrêt», confie ainsi Laura, 29 ans.

Certaines, malgré la peur, réagissent: «Un type m'a collée avec insistance dans le métro, suivie quand j'ai changé de voiture, puis de ligne. J'étais terrifiée. Mais dans l'escalator, quand il m'a poursuivie, j'ai crié: +si tu continues, je te gaze !+. Il s'est barré», se souvient Marie-Charlotte, 28 ans, qui venait alors d'arriver à Paris. «Ma mère m'avait donné une bombe lacrymo...».

Saluant un rapport «de grande qualité», la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé jeudi sur iTÉLÉ que «le gouvernement» prendrait «des mesures fortes d'ici quelques semaines parce qu'il n'est pas tolérable de ne pas pouvoir prendre un transport en commun sans être importunée».

«Les femmes doivent pouvoir circuler et occuper l'espace public sans être mises en danger ou menacées de l'être. C'est une liberté fondamentale», a déclaré à l'AFP sa collègue Pascale Boistard.

Le Haut conseil propose un grand plan national d'action: «Stop au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles sur toute la ligne». Il repose sur trois orientations et quinze recommandations en direction des pouvoirs publics, conseils généraux et communes, des opérateurs de transports, mais aussi des femmes, des témoins et... des agresseurs.

- Surtout dans les bus -

Ces agressions verbales ou physiques, que dénoncent régulièrement les associations, doivent être reconnues comme des «manifestations du sexisme qui affectent le droit à la sécurité et limitent l'occupation de l'espace public par les femmes», insiste le rapport.

Face à ce fléau, le Haut conseil recommande notamment d'adapter et de mieux faire connaître les numéros d'alerte comme celui de la SNCF (3117) ou les bornes d'urgence sur les quais.

Le «3117» pourrait être généralisé à l'ensemble des réseaux de transports, être inscrit sur les billets, avec la possibilité d'envoyer des sms ou de télécharger des applications.

Le HCEfh recommande aussi de former les professionnels concernés afin qu'ils sachent mieux réagir au harcèlement et orienter les victimes.

La formation des agents à ces questions fera partie «de la renégociation en cours des contrats d'objectifs et de moyens liant le Stif (Syndicat des transports franciliens) aux opérateurs de transports», a assuré jeudi Jean-Paul Huchon, président PS de la Région Ile-de-France et président du Stif.

Six femmes sur dix craignent une agression ou un vol dans les transports franciliens contre trois hommes sur dix.

Le Haut conseil préconise encore de mieux organiser les transports par bus (arrêts à la demande, amplitude horaire...), comme expérimenté au Canada, afin de sécuriser les personnes seules la nuit.

Deux tiers des usagers des transports publics sont des voyageuses et deux tiers des victimes d'injures et insultes sont des femmes, tout comme l'écrasante majorité des victimes de violences sexuelles.

Ces agressions sexistes et sexuelles ont lieu principalement dans les bus et les bus scolaires. Les violences contre les hommes ont plutôt lieu dans les trains.

Parallèlement à ce rapport, un groupe de travail sur les violences faites aux femmes dans les transports, en partenariat notamment avec la SNCF et la RATP, doit rendre ses conclusions en juin. La campagne recommandée par le Haut conseil pourrait débuter à la rentrée.

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