Cambrioleur tué: le buraliste d'Albi condamné à 7 ans de prison
•Le buraliste de Lavaur (Tarn) Luc Fournié a été condamné, mercredi, à sept ans de prison pour avoir tué en 2009 un cambrioleur de 17 ans d'un coup de fusil de chasse, la cour ayant jugé sa riposte "disproportionnée".© 2015 AFP
Le buraliste de Lavaur (Tarn) Luc Fournié a été condamné, mercredi, à sept ans de prison pour avoir tué en 2009 un cambrioleur de 17 ans d'un coup de fusil de chasse, la cour ayant jugé sa riposte «disproportionnée».
La cour d'assises d'Albi a estimé que M. Fournié était coupable du meurtre de Jonathan Lavignasse et de blessure sur Ugo Bernardon et a rejeté la qualification de légitime défense, demandée par l'avocat général.
La cour a condamné M. Fournié à sept ans d'emprisonnement au motif essentiel que «sa riposte avait été disproportionnée compte tenu du temps écoulé» - quatre jours - entre le moment où la sœur de M. Fournié avait constaté que les barreaux d'une fenêtre du bar-tabac avaient été endommagés et le drame.
Après avoir été alerté que les barreaux avaient été sciés, M. Fournié s'était «préparé au retour des voleurs: son fusil était chargé et il dormait dans la réserve», avait indiqué à l'audience un des experts psychiatres. «On ne peut pas être en état de légitime défense quand on prépare sa défense», avait insisté pendant sa plaidoirie l'avocat de la partie civile, Me Simon Cohen.
Dans son réquisitoire, l'avocat général Pierre Bernard, avait lui estimé que l'accusé «avait eu la conduite parfaitement adaptée» et qu'il «était dans une situation de danger imminent».
Dans la nuit du 14 décembre, M. Fournié, 58 ans, avait tué d'un coup de fusil de chasse Jonathan Lavignasse, venu cambrioler son bar-tabac avec son ami Ugo Bernardon.
«M. Fournié s'est retrouvé face à deux silhouettes dans l'obscurité, il était mort de frousse», avait indiqué l'avocat de l'accusé, Me Georges Catala. «Le droit à la peur, c'est le droit de défendre sa personne», a-t-il ajouté lors de sa plaidoirie. Dès l'annonce du verdict, il s'est déclaré «sidéré par le fait que la justice vienne frapper un homme honnête» et a indiqué que son client allait faire appel.
- Un deuxième coup en direction du fuyard -
M. Fournié habitait dans un appartement spartiate au-dessus de son bar-tabac avec sa mère, sa sœur et son neveu. «Ce que je défendais c'est une famille», avait-il déclaré juste avant que les jurés se retirent pour délibérer.
Le deuxième avocat de la partie civile, Me Patrick Maisonneuve, avait lui insisté sur «la disproportion» entre les deux coups de feu «et l'acte de Jonathan et Ugo». Il avait aussi précisé qu'au cours de l'instruction «cinq magistrats» avaient rejeté le principe de la légitime défense.
La nuit du drame, M. Fournié, alerté par du bruit, s'était rendu à l'étage de son établissement s'emparer d'un fusil de chasse, déjà chargé.
Suivi par sa sœur, il était descendu et «pris par la peur et la panique j'ai tiré sans viser», avait-t-il indiqué pendant l'audience.
Touché au ventre, Jonathan s'était effondré et Ugo, son acolyte, avait pris la fuite. «Vous avez ensuite enjambé le cadavre de Jonathan et tiré dans la direction du fuyard», a souligné Me Maisonneuve.
M. Fournié et sa sœur s'étaient dits «surpris» de découvrir un jeune homme gisant à terre. «On pensait pas à des jeunes, mais à une bande de Roumains», avait déclaré lundi à l'audience la sœur de l'accusé.
«Nous sommes particulièrement satisfaits», a déclaré à la presse Me Maisonneuve à l'annonce du verdict. «C'est important qu'on dise que dans ce pays on ne peut se faire justice soi-même», a-t-il ajouté.