L'enquête sur le compte caché de Cahuzac est terminée

L'enquête sur le compte caché de Cahuzac est terminée

L'enquête sur le compte caché à l'étranger de Jérôme Cahuzac, premier grand scandale de l'ère Hollande, est terminée.
© 2014 AFP

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L'enquête sur le compte caché à l'étranger de Jérôme Cahuzac, premier grand scandale de l'ère Hollande, est terminée.

L'ancien ministre du Budget et son épouse Patricia Cahuzac, ainsi que les banquiers de Genève, François et Dominique Reyl, sont mis en examen dans ce dossier de fraude fiscale, tout comme le gestionnaire de fortune Hervé Dreyfus et un avocat d'affaires.

Après leurs observations et le réquisitoire du parquet attendus dans un délai de trois mois, les juges financiers Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire, qui ont signifié la fin de leur enquête le 1er décembre, décideront de renvoyer ou non en correctionnelle celui qui fut, avant sa chute, un poids lourd du gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

Une chute entamée avec la révélation par Mediapart le 4 décembre 2012 de ce compte caché avant d'être précipitée par la démission de Jérôme Cahuzac puis ses aveux, le 2 avril 2013 après des mois de dénégations.

L'affaire avait détruit l'image de pourfendeur de la fraude fiscale que s'était attaché à bâtir Jérôme Cahuzac à Bercy.

Elle avait aussi mis à mal, moins d'un an après son arrivée à l'Elysée, les promesses de la «République exemplaire» faites par François Hollande durant sa campagne.

Jérôme Cahuzac a longtemps nié «en bloc et en détail» l'existence de ce compte. S'il avait dû démissionner du gouvernement quand le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire le 19 mars 2013, il continuait alors d'affirmer son innocence.

Ce n'est que deux semaines plus tard, confronté à l'authentification quasi-certaine de sa voix sur un enregistrement compromettant, qu'il avait reconnu devant les juges avoir détenu un compte caché en l'étranger. Il était mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale.

«Dévasté par le remords», il avait alors demandé pardon pour «une faute inqualifiable» et expliqué avoir menti, y compris aux plus hautes autorités de l'Etat. Il avait reconnu avoir placé quelque 685.000 euros sur un compte, ouvert en Suisse en 1992 puis déplacé à l'automne 2009 à Singapour. Une somme qu'il avait rapatriée.

Selon son avocat, ces sommes non déclarées étaient essentiellement le fruit de son activité de chirurgien et accessoirement de son travail de consultant pour l'industrie pharmaceutique.

- Carrière politique brisée -

Il a en effet créé en 1993 une société de consultant, Cahuzac Conseil, après avoir été conseiller technique chargé du médicament au ministère de la Santé de 1988 à 1991.

Ses aveux et sa décision de rapatrier des fonds ne lui épargnaient pas d'autres chefs de poursuites, «fraude fiscale» et «déclaration incomplète ou mensongère de son patrimoine par un membre du gouvernement».

Face à l'émoi suscité par l'affaire, François Hollande avait annoncé une série de mesures pour moraliser la vie politique, avec la création du parquet national financier (PNF) et la publication de leur patrimoine par les ministres.

Quant à Jérôme Cahuzac, star déchue du gouvernement, il a été exclu du Parti socialiste, a démissionné de l'Assemblée nationale et mis un terme à sa carrière politique, brisée de facto.

Durant l'enquête, Patricia Cahuzac, séparée de son époux, a pour sa part avoué l'existence d'un compte bancaire sur l'Ile de Man, doté de sommes destinées à des investissements immobiliers au Royaume-Uni, ainsi que d'un compte en Suisse, distinct de celui ouvert en 1992 par son mari.

Médecin spécialiste de la greffe des cheveux, Patricia Cahuzac a récupéré la clinique d'implants capillaires que son mari avait fondée.

Sollicités, les avocats du couple Cahuzac se sont refusés à tout commentaire.

S'il devait être jugé, Jérôme Cahuzac ne serait pas le seul ancien ministre de François Hollande à se retrouver devant un tribunal correctionnel: chargée de la Francophonie jusqu'au printemps, Yamina Benguigui doit être citée à comparaître sur des soupçons de déclarations de patrimoine et d'intérêts incomplètes. Elle est soupçonnée d'avoir omis de mentionner être propriétaire de parts dans une société de droit belge.

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