Restos du Coeur: 30e campagne hivernale lundi en présence de Valls
•Après un record "détestable" de plus d'un million de bénéficiaires ...© 2014 AFP
Après un record «détestable» de plus d'un million de bénéficiaires l'an dernier, les Restos du Coeur entament lundi leur 30e campagne hivernale, en présence de Manuel Valls, l'occasion pour l'association de réclamer de nouvelles mesures fiscales pour inciter aux dons.
Pour cette nouvelle campagne, 2.090 centres vont ouvrir quotidiennement ou plusieurs fois par semaine, jusqu'en mars, pour distribuer boîtes de conserves, pâtes, yaourts et autres denrées aux ménages en difficultés. Le reste de l'année, le dispositif est allégé et réservé aux plus précaires.
Lors de la campagne 2013-2014, l'association créée par Coluche en 1985 a dépassé pour la première fois le million de personnes dans ses centres, et servi 130 millions de repas.
«On a terminé en mars la campagne sur un record assez détestable, et durant le printemps et l'été, le nombre de personnes qui nous ont sollicités était également en hausse. On s'attend malheureusement à atteindre de nouveau le million de bénéficiaires», a avoué à l'AFP Olivier Berthe, président des Restos.
Comme chaque début de campagne, «les Restos commencent sur le pari que la générosité sera au rendez-vous», explique-t-il.
Avec 84 millions d'euros récoltés l'an dernier, les dons et legs représentent près de la moitié des ressources. Mais ils «stagnent». «La générosité des donateurs est au maximum», reconnait M. Berthe.
Conséquence: les Restos recherchent depuis deux ans de nouvelles ressources, notamment du côté des «dons en nature». L'association avait obtenu l'année dernière du gouvernement que la loi Coluche sur les exonérations fiscales soit étendue aux dons des producteurs laitiers.
- 67.600 bénévoles -
Elle a permis de récolter deux millions de litres de lait pour les associations, dont 850.000 litres pour les Restos. Une manne bienvenue, mais les besoins sont estimés à 20 millions de litres par an, souligne M. Berthe.
Les Restos réclament cette mesure pour tous les dons agricoles. «Viande, oeufs, légumes, céréales, il faut que toutes les filières puissent bénéficier d'un dispositif fiscal incitatif», exige Olivier Berthe.
«Si le gouvernement estime que la lutte contre la précarité est une priorité, il doit convaincre l'administration fiscale», car des exonérations «seront incomparablement plus faibles que ce que le gouvernement devrait mettre sur la table», pour soutenir l'association, analyse-t-il.
Il souligne aussi la nécessité de lutter contre le gaspillage alimentaire. Des tonnes de nourriture invendues, proches des dates limites de consommation, «sont perdues chaque jour dans les grandes surfaces ou les entreprises agro-alimentaires, qui ne donnent pas faute de garanties fiscales, parce que jeter coûte moins cher que stocker et donner à une association».
Actuellement, «ces dons ne font pas l'objet de déduction fiscale», l'Etat estimant que ces produits n'auraient de toute façon pas été vendus. Or pour inciter les entreprises à renforcer leurs dons, il faut qu'elles y trouvent un avantage, souligne M. Berthe.
L'association rappelle que la contribution en nature la plus importante reste «de loin» celle des heures dédiées aux Restos par ses 67.600 bénévoles.
«Personne n'imaginait au démarrage que les Restos du Coeur prendraient autant d'importance. La société s'est accommodée de cela, mais c'est aussi une prise de conscience: on ne lutte efficacement contre la pauvreté que si tout le monde se mobilise», dit-il, résolument optimiste. «Ces 30 ans d'existence, ce sont des millions de contacts humains, qui ont permis des dizaines de milliers de sorties de crise».