Face à Squarcini, un des auteurs de «L'espion du président» défend son travail

Face à Squarcini, un des auteurs de «L'espion du président» défend son travail

Un des auteurs du livre "L'espion du président", poursuivi en diffamation par l'ancien directeur du renseignement intérieur Bernard Squarcini, a défendu mardi son travail et estimé que le "squale" avait "dévoyé" son service.
© 2014 AFP

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Un des auteurs du livre «L'espion du président», poursuivi en diffamation par l'ancien directeur du renseignement intérieur Bernard Squarcini, a défendu mardi son travail et estimé que le «squale» avait «dévoyé» son service.

Dans cet ouvrage paru en janvier 2012 aux éditions Robert Laffont, les journalistes Olivia Recasens et Christophe Labbé, du Point, et Didier Hassoux, du Canard enchaîné, y dressent un portrait au vitriol de Bernard Squarcini, numéro un de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) sous Nicolas Sarkozy.

Les trois auteurs et l'éditeur sont poursuivis en diffamation.

A la barre de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Didier Hassoux a expliqué qu'une soixantaine d'agents de la DCRI ont été contactés, «nous avons veillé à ce que chaque information soit recoupée au moins trois fois». Compte tenu de la matière «difficile», du «secret défense», «on s'est employé à brouiller les pistes» en recourant à des «méthodes ancestrales», a expliqué le journaliste, qui avec ses deux co-auteurs a «réappris à utiliser les cabines téléphoniques».

Mais dans l'ouvrage, «ce n'est pas l'homme Bernard Squarcini qui est visé, c'est un système mis en place, qui a été dévoyé» au profit de Nicolas Sarkozy, selon le journaliste. «M. Squarcini a franchi la ligne jaune en se mettant au service d'un pouvoir plutôt qu'au service de l'intérêt général», a-t-il poursuivi.

Lors de la préparation de ce livre, «certaines personnes nous ont dit +nous avons écouté illégalement des personnalités, des journalistes+», a expliqué Didier Hassoux.

En avril dernier, Bernard Squarcini a été condamné à 8.000 euros d'amende pour avoir réquisitionné illégalement les factures téléphoniques détaillées («fadettes») d'un journaliste du Monde.

M. Squarcini est par ailleurs visé par une enquête préliminaire car il est soupçonné d'avoir «mis sur écoute un certain nombre de fonctionnaires de police», a affirmé Didier Hassoux à l'audience.

Bernard Squarcini, lui, a fait valoir que son service a fonctionné «sous contrôle hiérarchique» et «syndical».

L'ex-patron de la DCRI a fait l'objet d'une «mise en cause absolument inouïe», a-t-il dénoncé. Il réclame 50.000 euros de dommages et intérêts.

En défense, l'avocate des auteurs et de l'éditeur, Me Anne Boissard, a dénoncé un «détournement de la procédure», «on vise des formules générales qui ne sont pas diffamatoires», alors que l'ouvrage regorge de faits précis susceptibles de faire l'objet d'un débat, «c'est grotesque, honteux». Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 13 janvier.

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