Ebola: la France renforce son dispositif, les craintes s'éloignent pour l'infirmière
Le gouvernement a annoncé vendredi un renforcement de son dispositif ...© 2014 AFP
Le gouvernement a annoncé vendredi un renforcement de son dispositif d'alerte face au virus Ebola tandis que les craintes s'éloignaient pour l'infirmière hospitalisée avec une «fièvre suspecte», «aucun cas» n'étant «pour l'heure» confirmé sur le territoire français.
«La France a décidé de renforcer son dispositif de réponse international et national», a annoncé Matignon dans un communiqué, alors que l'inquiétude monte sur la possibilité de propagation d'Ebola dans le monde.
Le Premier ministre Manuel Valls a désigné le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS (l'Agence nationale de recherche sur le SIDA et les hépatites virales), comme «coordinateur de l'ensemble des opérations internationales et nationales de réponse à cette crise».
«Il n’y a pour l’heure aucun cas confirmé», a toutefois assuré Matignon, en réponse aux craintes suscitées par l'hospitalisation la veille d'une infirmière qui avait soigné la volontaire française de MSF atteinte d'Ebola en septembre.
Le renforcement du dispositif d'alerte va se traduire par la mise en place dès samedi de contrôles aéroportuaires à Roissy sur le vol direct quotidien d'Air France en provenance de Guinée Conakry.
Des équipes médicales vérifieront la température de tous les passagers avec des thermomètres laser sur la passerelle, avant l'entrée dans l'aéroport.
Ils recevront en outre des questionnaires de traçabilité destinés à permettre de les retrouver en cas de besoin.
Lors d'une visite à Roissy vendredi, la ministre de la Santé Marisol Touraine a déclaré que le contrôle de la température était «une sécurité supplémentaire pour resserrer les mailles du filet».
Le dépistage sera uniquement mis en place sur ce vol, seule liaison directe entre la France et l'un des pays touchés par l'épidémie d'Ebola. Aucun contrôle n'est prévu pour l'instant sur les passagers venant de pays à risques mais ayant effectué des correspondances.
Les contrôles thermiques ne seront de toutes façons pas suffisants pour écarter tout risque. «Il n'y a pas de solution miracle, il faut multiplier les mesures», a reconnu Marisol Touraine. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a également relativisé jeudi leur efficacité, mettant en garde contre «un faux sentiment de sécurité».
- Interrogations chez les soignants -
Le renforcement de l'arsenal français de lutte et de prévention du virus intervient au lendemain d'une nouvelle alerte en France, suscitée par l'admission pour une «fièvre suspecte» de l'infirmière qui avait soigné la volontaire de MSF, à l'hôpital militaire Bégin de Saint-Mandé, près de Paris.
Les premiers tests, réalisés jeudi à partir de prélèvements sanguins, se sont révélés «négatifs», selon une source proche du dossier.
D'autres tests ont pu être réalisés pour exclure définitivement l'infection par Ebola chez cette soignante, évacuée jeudi à la mi-journée de son domicile à Puteaux (Hauts-de-Seine), avec un important dispositif de sécurité. Mais aucune information n'était disponible vendredi après-midi sur le résultat de ces éventuels nouveaux tests.
Marisol Touraine a répété à plusieurs reprises qu'elle ne donnerait aucun détail sur les cas suspects pour ne pas «entrer dans une alimentation de l'inquiétude, de l'anxiété». Mais elle s'est engagée à «informer immédiatement la population» lorsqu'il y aura «un cas avéré» d'Ebola en France.
Malgré le ton rassurant des autorités, l'inquiétude grandissait parmi le personnel soignant, après la contamination d'une aide-soignante en Espagne et de deux infirmières aux Etats-Unis qui avaient traité dans leur pays des malades d'Ebola, atteints en Afrique.
«Peut-être faut-il revoir les protocoles de soins, (...). Jusqu'à présent, on nous a affirmé que les matériels et procédures pour éviter les contaminations étaient bons», a commenté Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI).
«Les infirmières ne peuvent pas rester en première ligne sans savoir. Les soignants sont trop exposés», a-t-il encore estimé dans le quotidien Le Parisien.
Signe de la psychose grandissante, l'ambassade de la République du Congo à Paris a indiqué vendredi s'être vu refuser une location en raison de «l'épidémie d'Ebola», alors même que ce pays n'a enregistré aucun mort dans l'épidémie actuelle qui touche surtout l'Afrique de l'Ouest.
Des syndicats d'hôtesses et de stewards d'Air France ont, eux, exigé «la fermeture de la desserte de Conakry», évoquant leur inquiétude d'un «risque grave de propagation de l'épidémie».
Les deux syndicats dénoncent «la scandaleuse obstination» d'Air France, qui leur a fourni «une simple paire de gants» en guise de protection.
Le virus Ebola a déjà fait 4.493 morts sur 8.997 cas enregistrés dans sept pays (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis), selon le dernier bilan de l'OMS.