Haro sur les jouets qui cassent les oreilles
santé L'exposition répétée des petits à un excès de décibels pose problèmedelphine bancaud
Poupée qui parle, voiture qui klaxonne, téléphone-hochet… Des jouets rigolos au premier abord, mais qui peuvent avoir des effets nocifs sur la santé. A l'occasion de la Semaine du son, qui se déroule jusqu'à dimanche à Paris et du 20 au 27 janvier dans toute la France, une conférence traitera de ce sujet au Collège de France ce vendredi. «Un bon moyen d'interpeller le grand public sur cette question et de demander au gouvernement d'y réfléchir», explique Christian Hugonnet, président de la Semaine du son.
Des risques de lésions
A l'heure actuelle, selon les normes européennes en vigueur, les jouets susceptibles d'être placés à côté de l'oreille ne doivent pas dépasser 80 décibels (dB) et les autres 115 dB. Un problème selon Jean-Michel Klein, président du syndicat des médecins ORL : «Ces jouets ne devraient pas dépasser 70 dB, car à 80 dB, on est déjà dans le registre de la voix hurlée.» Or, en décembre, le magazine 60 millions de consommateurs a dévoilé une étude menée par le Laboratoire national de métrologie et d'essai sur des jouets bruyants. Résultat : des pics de 100 dB ont été enregistrés sur certains jouets. «Les cellules de l'oreille des bébés étant fraîches, des sons trop brutaux peuvent entraîner des lésions cochléaires», souligne le Dr Klein. Autre souci : la compression des sons apparue avec le numérique, qui consiste à relever les niveaux sonores et à supprimer les écarts entre les sons forts et faibles. Conséquence : «L'enfant baigne dès le berceau dans un niveau sonore élevé et sans modulation, qu'il va prendre comme référence. Du coup, il va s'habituer à parler fort», selon Christian Hugonnet. «Il va essayer de reproduire toute sa vie cet environnement de bruit extrême, ce qui peut causer des dégâts irréversibles sur son ouïe et faire vieillir précocement son oreille interne», ajoute le Dr Klein. Contactée par 20 Minutes, la Fédération française des industries du jouet rappelle que les fabricants français appliquent la réglementation. ■