VIDÉO. Accident à Millas : Cinq jours après le drame, où en est l'enquête ?
FAITS DIVERS•Jeudi après-midi, un bus scolaire a percuté violemment un train. Six enfants sont morts...Nicolas Bonzom
L'essentiel
- La collision entre un bus et un train a fait six morts jeudi à Millas.
- Si la conductrice du car scolaire a affirmé aux enquêteurs que les barrières étaient levées quand elle est passée, le conducteur du train affirmerait le contraire.
- Le passage à niveau n’est pas considéré comme dangereux.
Quatre jours après la violente collision entre un bus scolaire et un train TER, sur un passage à niveau de Millas, 20 Minutes fait le point sur ce que l'on sait ce lundi.
Combien l'accident a-t-il fait de victimes ?
Le bilan s'est alourdi lundi soir à six enfants décédés, après la mort d'un blessé grave, a annoncé la préfecture. Cette catastrophe a fait également dix-sept blessés, dont la conductrice du car. Pour cinq collégiens, le pronostic vital est toujours engagé.
Que sait-on de la conductrice du bus ?
Blessée dans l'accident, en « état de choc », la conductrice, dont les jours ne sont pas en danger, a rencontré son patron jeudi soir, sur son lit d'hôpital. « Elle était parfaitement lucide », affirmait le lendemain à L'Indépendant le dirigeant de la société de bus.
Présentée par son employeur comme une « conductrice expérimentée », elle aurait été embauchée en CDI en avril dernier. Une personne en qui la compagnie d'autocars a « pleine et entière confiance », a-t-il confié. Pour Jean Codognès, avocat de la conductrice, cette femme de 47 ans, qui habite à Saint-Feliu, est une personne « minutieuse, qui considérait son métier comme une mission », confie-t-il à France Bleu Roussillon.
« Elle connaît très bien ce parcours, reprend l'avocat au micro de la station. Elle le réalise six fois par jour depuis septembre. Lorsqu'on lui a confié une ligne sur Canet [en Roussillon, une commune du département], elle a pris sa voiture la veille pour repérer le trajet et être sûre de pouvoir passer partout avec un bus de 12 mètres de long. »
Les barrières étaient-elles ouvertes ou fermées ?
Cette question est au cœur de l'enquête. Des analyses techniques sont en cours, notamment sur le bloc d'articulation des barrières, qui tend à montrer celles-ci étaient abaissées : « Nous devons bien évidemment expertiser cet élément pour déterminer si c'est un fonctionnement qui est normal, ou au contraire si c'est la résultante de l'accident », a souligné le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux.
Les témoignages, eux, divergent. Il y a d'abord celui de la conductrice du bus, blessée dans l'accident, qui a rapidement indiqué à son patron, puis aux enquêteurs, que les barrières étaient bien levées lorsqu'elle s'est engagée sur les rails, jeudi, en milieu d'après-midi. Selon elle, son bus « roulait à 12 km/h au moment du choc ».
« Elle nous a expliqué avoir traversé en toute confiance et en toute sérénité le passage à niveau, barrières ouvertes et feux clignotant éteints », affirmait de son côté le dirigeant de la société de transports qui emploie la quadragénaire depuis huit mois. Le conducteur du train, lui, affirmerait le contraire, indiquait samedi L'indépendant : il aurait déclaré aux gendarmes avoir vu le bus scolaire « foncer dans la barrière fermée ».
Selon le procureur de Marseille, certains témoignages indiquent que « la barrière était fermée et d'autres qu'elle était ouverte ». Les enquêteurs chargés de l'affaire, qui ont encore pas mal d'auditions devant eux, vont se pencher particulièrement sur les éventuels témoins, qui auraient assisté au choc, ou qui seraient arrivés quelques instants après l'accident. Certains blessés doivent également encore être entendus.
Attention : depuis le drame, de fausses photos et de fausses vidéos de passages à niveau dysfonctionnant, qui ne sont pas celui de Millas, circulent sur les réseaux sociaux.
Ce passage à niveau était-il réputé dangereux ?
Non, le passage à niveau n°25 de Millas n'était pas « considéré comme particulièrement dangereux », ont indiqué les services de la SNCF. Il ne figurait pas dans la liste noire des 163 qui restent encore à sécuriser prioritairement en France, selon les données du ministère des Transports et du gestionnaire d'infrastructure, SNCF Réseau.
Les habitants de la commune, interrogés vendredi sur place par 20 Minutes, ne craignaient d'ailleurs pas particulièrement le secteur. « La route a été refaite dernièrement, elle est toute droite, nous ne sommes pas en plein virage, reprend une dame. En plus, la vue est dégagée. » « C'est un passage tranquille, on est plutôt serein quand on y passe », note un homme, qui habite à « 300 mètres du passage à niveau ».