VIDEO. Présidentielle: Ambiance tendue et soupe à la grimace... On a passé la soirée au QG du FN
REPORTAGE•Pendant une partie de la soirée, les journalistes ont été tenus à distance des militants...Thibaut Le Gal
Commençons par un euphémisme : il y avait comme de la tension dans l’air ce dimanche au QG du FN. Le parti frontiste avait choisi le « Nouveau Chalet du Lac » dans le bois de Vincennes pour sa soirée du second tour de la présidentielle. Mais pour les traditionnelles soirées guinguettes, il faudra repasser. Après les fouilles de sac, nous voilà à l’intérieur. Et très vite, l’ambiance se tend entre les journalistes accrédités (une quizaine de médias ne l’était pas) et le DPS, le service d’ordre pas très souriant du parti de Marine Le Pen.
« Ne restez pas là. Il faut vous mettre à l’intérieur du périmètre dédié aux journalistes », nous lance un des gorilles. « Vous ne pouvez pas vous mélanger avec les militants, sinon c’est la porte », nous dit une autre. Le service de sécurité va jusqu’à entourer de cordons la centaine de journalistes présents à l’intérieur.
« Le résultat m’écœure. Tous les médias sont contre Marine Le Pen »
La tension monte encore d’un cran lorsqu’un photographe du magazine Society, pour ne pas avoir filé droit, est sorti manu militari par la sécurité.
Bon, on se décide quand même à se faufiler derrière le sas pour aller parler avec des militants. Nicolas, étudiant de 23 ans, n’a pas vraiment l’air indigné. « On n’invite pas ici les journalistes pour qu’ils viennent poser des questions aux gens qui ne sont pas formés ». Un peu plus loin, Gilbert Collard ne dit pas mieux sur le refus d’accepter certains médias. « Il n’y a pas de raison d’accréditer des journalistes qui seraient partisans et des gens qui ne disent que du mal de nous ».
Vers 19h30, militants et journalistes se mélangent enfin. Tous se pressent vers les écrans pour découvrir qui sera l’heureux élu. Le visage de Macron s’affiche. Pour Gilbert Collard et ses amis, c’est la soupe à la grimace. Une Marseillaise est lancée, mais le cœur n’y est pas vraiment.
Alain, 65 ans, encarté depuis 1976, est remonté. « Le résultat m’écœure. Tous les médias sont contre Marine Le Pen… Et tous les politiques qui ont appelé à faire barrage après avoir insulté Macron de tous les noms, je trouve ça grave. On parle de démocratie, mais en Russie, c’est un peu mieux ». Aucun regret pour cette campagne ? « J’ai un reproche à faire à notre candidate, ne pas avoir eu d’oreillette comme monsieur Macron lors du débat », lance le retraité, reprenant une des nombreuses fausses informations relayées sur les réseaux sociaux.
« Le Front national doit lui aussi profondément se renouveler »
Soudain, tout le monde file vers l’estrade. Marine Le Pen prend la parole. « Patriote contre mondialiste, c’est ce grand choix qui sera soumis aux Français lors des législatives. Je serai à la tête de ce combat ». La candidate du Front national a la tête des mauvais jours. « Le Front national doit lui aussi profondément se renouveler… afin de constituer une nouvelle force politique ».
Deux petites minutes mais un bouleversement à venir pour le parti fondé par Jean-Marie Le Pen ? Dans un coin, Alain, 30 ans, a son idée. « Forcément, on s’attendait à mieux. Le résultat est un peu décevant. Cela montre qu’il y a toujours un frein quelque part. Pour y remédier, le FN va changer de nom. Le parti dans sa forme actuelle est voué à disparaître ».