SCRUTINLa stratégie de Mélenchon peut-elle payer aux législatives?

Législatives: La stratégie de La France insoumise de Mélenchon peut-elle payer?

SCRUTINL'absence d'accord entre les communistes et les mélenchonistes pour les législatives a été actée ce mercredi...
Laure Cometti

Laure Cometti

Après des mois d’une entente parfois difficile, le divorce est désormais acté : le Parti communiste (PCF) et La France insoumise (FI) n’ont pas trouvé d’accord pour les législatives des 11 et 18 juin prochain. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, quatrième homme de la présidentielle qui mise sur son score historique (19,58 %), peut-il en pâtir ?

Un PCF « réduit et émietté »

« Le PCF se trouve aujourd’hui dans une situation de relative marginalité politique. Il conserve des élus locaux dans quelques territoires, dont le Val-de-Marne, un certain nombre de communes de banlieue parisienne et des grandes agglomérations », mesure Henri Rey, politologue et directeur de recherche FNSP au Cevipof. « Il y a donc un communisme municipal qui n’a pas disparu, mais qui s’est réduit aux dernières élections et se trouve très émietté. » Par ailleurs, certains élus communistes ont pris leurs distances avec le parti, dont Patrick Braouzec qui a soutenu Emmanuel Macron.

Cet « émiettement » du PCF et sa « diversité interne » se sont déjà traduits par plusieurs ralliements d’élus communistes qui ont signé ou vont signer la charte FI pour les législatives, nous affirme Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche et soutien de Jean-Luc Mélenchon. Est-ce à dire que cette rupture ne pose pas problème à La France insoumise ? « Si, ce n’est jamais un plaisir de ne pas trouver d’accord. On a fait cette campagne présidentielle ensemble, on a créé le Front de gauche avec eux en 2012. Mais cette proposition d’accord national, c’était surtout de la communication. Quant à un accord de désistement partiel, nous étions d’accord, mais le PCF n’a pas donné le change », répond-il.

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Miser sur la dynamique présidentielle

Un accord avec le PCF aurait-il néanmoins pu avantager La France insoumise ? « Ce mouvement n’a pas un réseau d’élus sur lequel s’appuyer pour ces scrutins où la dimension locale est importante, pointe Henri Rey. Il faudrait 577 petits Mélenchon. Mais il compte sur le dynamisme de sa performance électorale à la présidentielle, son postulat, c’est celui de la dynamique. » Un postulat qui n’avait pas porté les fruits espérés en 2012, à l’époque du Front de gauche. « La stratégie de Jean-Luc Mélenchon, c’est une machine à perdre », estime un bras droit de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF cité par Europe 1.

« C’est le programme qui explique notre score, les électeurs vont voter en fonction de choix nationaux », estime Eric Coquerel. « Dans la plupart des circonscriptions, l’absence d’accord avec le PCF ne posera pas problème », jauge-t-il.

Autre potentiel obstacle pour les mélenchonistes : les voix d’électeurs socialistes engrangées à la présidentielle se reporteront-elles vers le PS aux législatives ? « Les notables et les réseaux locaux ont une influence pour ce scrutin. On n’observera probablement pas le même phénomène qu’à la présidentielle », estime Henri Rey. Mais « il est très dur de faire revenir des électeurs qui sont partis », souligne-t-il.

Mélenchon potentiel candidat à Marseille

Enfin, Jean-Luc Mélenchon se lance aussi un défi personnel pour ce scrutin, puisqu’il sera candidat à Marseille, où il n’a pas d’ancrage local. En 2012, il s’était porté candidat dans une autre circonscription dans laquelle il n’a pas d’attaches, à Hénin-Beaumont, face à Marine Le Pen, qui l’avait nettement emporté.

L’ancien sénateur fait-il à nouveau un pari risqué ? « Le contexte est très différent, il ne sera pas face à Marine Le Pen dans ce Nord désindustrialisé, observe Henri Rey. Il va probablement choisir sa circonscription avec beaucoup de soin. » En effet, Jean-Luc Mélenchon a annoncé ce mercredi qu’il avait choisi la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône où il avait obtenu plus de 39 % des voix au premier tour de la présidentielle. Cette annonce a déclenché de vives réactions au PS et notamment chez le socialiste Patrick Mennucci, qui brigue un nouveau mandat en juin. De quoi raviver une autre rupture déjà bien consommée après l’arlésienne d’un accord avec Benoît Hamon pour la présidentielle.