POLITIQUEPrésidentielle: Hollande sur les traces de Mitterrand

Présidentielle: Hollande sur les traces de Mitterrand

POLITIQUELe candidat socialiste se rend, dimanche, à Jarnac (Charente), ville natale de l'ancien président...
Matthieu Goar, à Jarnac

Matthieu Goar, à Jarnac

De notre envoyé spécial

François dans les pas de François. Dimanche, Hollande se rend à Jarnac, ville natale de Mitterrand, seul président socialiste de la Ve République. Une visite symbolique. Ce dimanche 8 janvier, la petite ville de Charente commémore le 16e anniversaire de la mort de l’ancien locataire de l’Elysée. Hollande y visitera le musée consacré à l’homme d’Etat, mort en 1996, puis déposera une gerbe sur sa tombe avant de participer à un banquet.

D'outsider à héritier numéro 1

En un an, les choses ont changé. Janvier 2011, le même François Hollande, à l’époque outsider des primaires, est un des seuls ténors socialistes à ne pas participer au rassemblement en l’honneur de Mitterrand, laissant Martine Aubry et Ségolène Royal occuper les premières loges. Lui parcoure alors les fédérations, anime les meetings des élections cantonales. Patiemment, il mobilise le cœur des sections, crée une dynamique avant d’écarter ses rivaux: une stratégie qui n’aurait pas déplu à Mitterrand.

Car depuis un an, Hollande a placé son parcours dans l’ombre de l’ancien président, n’hésitant pas à imprimer son propre rythme, sillonnant l’Hexagone. «Mitterrand connaissait chaque village de la France. Il n’ y a pas un bourg, pas un clocher qu’il n’avait déjà vu. Il avait un rapport intime avec le pays», déclarait-il en janvier 2011, en marge d’un déplacement dans la Loire. Surfant sur la mémoire militante, Hollande choisit au printemps 2011 le théâtre Rutebeuf à Clichy-La Garenne pour lancer sa campagne des primaires, le même lieu où Mitterrand avait prononcé son premier discours avant son élection de 1981. Cinq mois plus tard, il termine sa campagne des primaires à Toulouse, toujours comme Mitterrand en 1981.

Le jour où Hollande bluffe Mitterrand

Hasard? Sûrement pas. L’entourage du candidat ne cesse d’insister sur les ressemblances politiques entre les deux hommes (l’art de la synthèse pour mieux conquérir le pouvoir), fait remarquer les similitudes des deux François à la tribune, leur réthorique faite de silences appuyés, leur gestuelle commune… Enfin, les proches de Hollande veulent voir des parallèles entre 2012 et 1981: deux élections où le président sortant est affaibli, attaqué par son propre camp.

Même s’il s’en est moins vanté que d’autres (Ségolène Royal ou Laurent Fabius), Hollande a beaucoup travaillé pour François Mitterrand. Dès 1979, il devient, grâce à Jacques Attali, conseiller économique du candidat. Une collaboration qui continue après 1981, lorsque Hollande et Ségolène Royal deviennent des petites mains de l’Elysée, chargés de mission sous l’autorité de Jean-Louis Bianco. Mais c’est en juin 1981 que le jeune énarque va bluffer le président en allant affronter le jeune loup Chirac en Corrèze, s’invitant à un meeting du président du RPR et prenant le micro devant une salle hostile. La presse relaie le coup d’éclat. Mitterrand s’en gargarise. Suivant les conseils du président qui ne cesse de dire aux jeunes socialistes de conquérir des fiefs locaux, Hollande remporte son premier mandat en 1983 en Corrèze. A la bonne école.