VIDEO. Le «Canard enchaîné» révèle un «arrangement familial» de Richard Ferrand
LEGISLATIVES•Un organisme dirigé par le ministre de la Cohésion des Territoires a privilégié en 2011 une offre immobilière faite par la compagne de celui-ci...Mathias Cena
«Après le feuilleton des emplois familiaux, voici la saga des locations familiales », annonce le Canard enchainé. Dans son édition de ce mercredi, l’hebdomadaire satirique rapporte un « petit arrangement familial » de Richard Ferrand, ancien secrétaire général d’En Marche ! et nouveau ministre de la Cohésion des territoires d’Emmanuel Macron, qui assure de son côté que tout s’est déroulé de manière « transparente ». Les Républicains, de leur côté, ont annoncé qu'ils allaient formellement saisir le procureur de la République et le procureur national financier, pour l'ouverture d'une enquête.
« L’affaire » remonte à janvier 2011, quand ce désormais fidèle du président dirigeait les Mutuelles de Bretagne. L’organisme à but non lucratif, à la recherche d’un local à Brest pour un centre de soins aurait, selon le journal, jeté son dévolu sur des bureaux « en mauvais état » appartenant à la société Saca, détenue par la compagne de Richard Ferrand, l’avocate Sandrine Doucen.
« L’honnêteté de Richard Ferrand n’est pas en cause »
A l’époque, la Société civile immobilière (SCI) en question n’existe pas. Elle n’est enregistrée que le mois suivant au greffe du tribunal de commerce, précise le Canard, et ce n’est qu’en juillet qu’elle achète les locaux concernés. Pour cette acquisition, elle obtient un prêt « d’un peu plus de 402.000 euros », couvrant « 100 % des frais d’achat et la totalité des frais de notaires ». « Un traitement réservé aux acquéreurs qui disposent d’un locataire dont les revenus sont garantis », précise le Canard enchaîné. Six ans après, écrit encore l’hebdomadaire, la valeur des parts de la SCI, détenue par Sandrine Doucen et l’une des filles du couple, aurait été multipliée par 3.000.
Sollicité par le Canard, Richard Ferrand ne dément pas les faits et assure que tout s’est déroulé de manière transparente : « C’était la proposition la moins chère. Le prix était conforme au marché, et rien n’a été caché : tout le monde savait que cette SCI était la propriété de ma compagne. » « L’honnêteté de Richard Ferrand n’est pas en cause. Personne ne conteste que cette opération a été profitable aux Mutuelles de Bretagne », a ajouté Matignon.
« Un non-événement »
Le Canard affirme de son côté que le lien entre Richard Ferrand et la SCI n’apparaît pas sur le procès-verbal du conseil d’administration des Mutuelles de Bretagne du 25 janvier 2011. Le président alors en exercice, interrogé par le journal, aurait dit « n’en garder aucun souvenir ». Mais l’actuel président du conseil d’administration remarque, lui, que ces locaux « correspondent, en tous points, [aux] besoins de la mutuelle ».
« Le sujet est connu depuis des années. A partir du moment où c’est légal, il n’y a pas de difficultés », a estimé mardi soir Benjamin Griveaux, porte-parole de la République en marche, questionné lors d’une réunion publique à Aubervilliers. « Que les boules puantes apparaissent une semaine après la nomination de quelqu’un au poste de ministre alors que le sujet est connu. Très franchement, ça ne trompe personne. Est-il mis en cause par un juge ? Non ! Une démission ? Vous plaisantez ! C’est un non-événement ! », a-t-il lancé, selon des propos rapportés par le Parisien. Le Parquet national financier (PNF) a indiqué qu'il ne se saisirait pas du dossier.