Le scrutin des régionales a été bouleversé par les attentats du 13 novembre à Paris. Suspendue plusieurs jours, la campagne a depuis repris ses droits. Mais les attaques terroristes auront-elles des conséquences sur le choix des électeurs ?

Selon une enquête exclusive* de Harris Interactive pour 20 Minutes, l’impact serait limité, et en train de s’estomper. Ainsi, 62 % des Français ayant l’intention d’exprimer un vote estiment que les attentats pèseront « peu ou pas du tout sur leur choix » au premier tour (contre 38 % beaucoup ou assez). Une hausse de six points par rapport à la semaine dernière.

Le scrutin se régionalise

« Les attentats pèsent moins sur les motivations de vote, notamment auprès de l’électorat situé à gauche de l’échiquier politique, avec 8 points de moins contre 5 pour la moyenne nationale », remarque Jean-Daniel Lévy, directeur du département « Politique et Opinion » d’Harris Interactive. Les Français interrogés placent d’ailleurs l’étiquette politique des listes (85 %), le projet des listes (85 %), et les enjeux locaux (84 %) devant les enjeux nationaux (70 %, -4 points) dans leur motivation de vote.

« On note cette baisse de tension également à travers le choix des mots qui évoquent le mieux le scrutin pour les sondés », poursuit Jean-Daniel Lévy. « Les Français citent moins le mot “attentat”, et davantage le terme “FN”, en augmentation de 2 points ».

Le FN et la droite gagnants

C’est d’ailleurs le parti de Marine Le Pen qui reste en tête des intentions de vote au premier tour, à 28 % (+1 point), devant Les Républicains-UDI-MoDem, à 27 % (+2 points). Les listes du Parti socialiste-PRG perdent 2 points par rapport à la semaine passée, à 24 %. Viennent ensuite le Front de Gauche-Parti communiste sans EELV (6 %, +1 point), EELV seuls ou avec le FG/PG (6 %, -1 point) et Debout la France (5 %, stable).

« Il y a une forme de cohérence. Cette montée conjointe du FN et des Républicains, et la baisse du PS font écho à la baisse de tension liée aux attentats et l’unité nationale moins marquée de ces derniers jours », poursuit Jean-Daniel Lévy. « La semaine dernière, on était plus dans un moment d’émotion post-attentat : dans un élan de confiance, les Français se tournaient davantage vers François Hollande et les listes lui étant rattachées. »

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L’élection approche, l’intérêt s’éloigne

L’intention d’aller voter chez les sympathisants socialistes est cette semaine moins marquée. Le sondeur remarque que la baisse d’intérêt pour le scrutin est plus générale. 58 % des Français déclarent aujourd’hui s’y intéresser, soit un point de moins que la semaine dernière.

« C’est assez inhabituel car en général, l’intérêt croît à mesure qu’on se rapproche du vote », note Jean-Daniel Lévy. Au premier tour des dernières élections régionales, plus d’un électeur sur deux n’était pas allé voter.

* Enquête réalisée en ligne du 24 au 26 novembre 2015 sur un échantillon d’inscrits sur les listes électorales dans les 13 régions de France métropolitaine, issu d’un échantillon de 1 005 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, et établi selon la méthode des quotas.