REPORTAGEMunicipales 2014: A Reims, la droite veut prendre sa revanche

Municipales 2014: A Reims, la droite veut prendre sa revanche

REPORTAGEEt attaque Adeline Hazan, la maire socialiste qui avait créé la surprise en 2008...
Maud Pierron

Maud Pierron

Elle discute longuement avec ceux qui viennent la saluer. Claque des bises aux enfants et embrasse les mamans. Remercie chaleureusement Elisabeth qui se fraie une chemin entre poussettes et caddies pour saluer «sa rénovation du quartier». Adeline Hazan, la maire socialiste de Reims, s'emploie à démonter les critiques de ses adversaires qui la disent «froide».

Bataille d’image

Quelques étals plus loin, le candidat UMP Arnaud Robinet, costume noire sur doudoune noire, sourire permanent, joue la carte de l'élu du coin, «parents et grands-parents commerçants icis» contre la socialiste «parachutée, entourée d'apparatchiks», alors qu'elle est à Reims depuis 1995. «Les Rémois préfèrent une droite sociale plutôt qu'une gauche caviar», lâche le trentenaire, motivé par un sondage qui le donne vainqueur de peu au second tour.

Le scrutin s'annonce serré car contrairement à 2008, la droite est unie et revancharde. «Mais Reims n'est pas une ville bourgeoise. Les quartiers pèsent très lourds. Et s'ils se mobilisent, même à 40%, Hazan passera. La clé sera la participations», analyse un bon observateur de la vie politique locale.

Sous l'étonnant soleil de mars, l'élégante quinquagénaire tend ses tracts et répète: «Allez voter! Et dites-le à tout le monde car ça va se jouer à 100 voix!». A une femme qui dit «croiser les doigts pour sa réélection», elle répond du tac au tac: «Croisez les doigts mais mettez le bulletin surtout». Plus que tout, Adeline Hazan craint une forte abstention à gauche car la socialiste le sait, «les gens sont déçus par l'action du gouvernement. Ils trouvent que ça ne va pas assez vite alors il faut leur expliquer que cela prend du temps de réparer dix ans de droite».

L’emploi et le fiscalité… sujets locaux

En attendant, Arnaud Robinet surfe sur l'impopularité de Hollande, en «échec», dont Hazan est «complice». Et même si elle s'en défend, la hausse de la fiscalité, avec la création de la taxe sur les ordures ménagères, trouve un écho chez ses concitoyens dans le ras le bol fiscal général et devient un argument de campagne évident pour l'opposition. «Ça représente entre 30 et 40% d'augmentation par rapport aux impôts locaux», rebondit Arnaud Robinet. Lui assure qu'il baissera la taxe et martèle: «elle a fait plein de promesses qui ne sont pas tenues». Nasser fait partie des déçus: il placera un bulletin UMP dans l'urne après avoir voté Hazan en 2008. «Elle a rénové des quartiers mais c'est de l'esthétique, pour le développement, elle n'a pas fait grand-chose», tacle celui qui est conseiller de quartier à Croix-du-Sud.

Mais sur son bilan, Adeline Hazan se sent solide car «objectivement, tout le monde convient qu'on a fait du bon boulot», s'appuyant sur un sondage Ipsos de février 2013 dans lequel 71% des sondés se disaient satisfaits de son action. Dans la cité des sacres comme ailleurs, la bataille se joue aussi sur l'emploi. «On a un taux de chômage supérieur a la moyenne nationale, elle a échoué. Nous nous voulons redynamiser la ville», attaque le candidat UMP. «Si on n'avait pas eu une politique de l'emploi très forte, cela aurait été pire. Malheureusement, mon mandat a commencé avec la crise», se défend Adeline Hazan, parlant de 6.000 emplois créés sous sa mandature contre 2.000 supprimés.

Dans le centre ville, place d'Erlon, Elisabeth convient que le bilan de la sortante n'est «pas mauvais» mais comme beaucoup de Rémois, elle ne sait pas encore pour qui elle votera. Surtout, elle juge que la maire «n'est pas assez présente dans sa ville, trop à Paris, au siège du PS. Même si Reims n'est pas une très grande ville, ça vaut la peine de s'y consacrer».