A Puteaux, la guerre de Ceccaldi-Raynaud bat son plein
MUNICIPALES•Dans cette riche ville du 92, père et fille continuent à s'affronter...20 Minutes avec AFP
Dans la riche commune de Puteaux, la dynastie des Ceccaldi-Raynaud, au pouvoir depuis 45 ans, entend bien conserver la mairie aux municipales. Mais Charles, l'ancien homme fort de la ville, continue de livrer une guerre sans merci à sa fille Joëlle, maire sortante. «Ma fille? J'ai fait sa carrière et maintenant elle m'ignore», lance ce Corse de 88 ans qui fut tour à tour maire, député et sénateur des Hauts-de-Seine.
«Pas de fille de»
Cette rancoeur n'est pas nouvelle. En 2004, Charles, malade, met un terme à son mandat de maire et passe la main à Joëlle, élue sans problème par le conseil municipal. «Je ne lui ai pas succédé, j'ai été choisie par la population. C'est une question de compétence, pas de fille de», souligne-t-elle.
Tous les coups sont permis
Mais, en 2005, celui qu'on surnomme «le renard argenté» exige de récupérer son fauteuil et se heurte à un refus catégorique. Débute «la guerre des Ceccaldi», symbolisée par des conseils municipaux où père et fille s'envoient des «cher monsieur» et des «madame le maire», s'accusant de tous les maux. Tous les coups sont permis: le père lâche que sa fille n'a jamais eu son bac. Il l'accuse d'avoir perçu de l'argent lors de l'attribution du marché public du chauffage de La Défense, une affaire dans laquelle il est lui-même mis en examen pour «favoritisme» et «corruption passive».«Ces attaques ont été très difficiles à vivre. Mais Joëlle a eu la résistance pour continuer le job», note Roger Karoutchi, secrétaire départemental de l'UMP.
A l'approche des municipales, le conflit, mis en sourdine un certain temps, reprend de la vigueur. Charles, qui s'était présenté en 2008 contre sa fille, défend désormais bec et ongles la candidature de Marie-Sophie Mozziconacci (Nous Citoyens) qu'il appelle «sa nièce», et qui est en fait, selon ses détracteurs, la fille de sa nouvelle compagne. «Je représente clairement Charles. Cet homme a eu un parcours exceptionnel», relève la jeune femme qui assure ne pas être la candidate «d'un clan contre un autre», mais uniquement vouloir «plus de transparence, de sécurité et moins de disparité dans la ville».
Une riche ville de banlieue
Pas moins de cinq listes veulent se présenter aux municipales. Puteaux a de quoi aiguiser les appétits. La petite cité ouvrière d'après-guerre est devenue une richissime banlieue: elle abrite une partie du quartier d'affaires de La Défense qui lui rapporte des dizaines de millions d'euros chaque année.
Des outils sur mesure pour faire du «clientélisme le seul programme politique de Joëlle Ceccaldi», estime Christophe Grébert, candidat du Modem et des Verts. «En 2012, la ville a dépensé 1.910.000 euros pour ses fêtes et réceptions, davantage que Paris», assure-t-il. Palais des sports avec piscine extérieure chauffée à 29 degrés en hiver, conservatoire de musique de 10.000 m2, résidences de vacances à La Clusaz (Haute-Savoie) et en Corse, la maire sait «chouchouter» ses habitants.
Joëlle Caccaldi a des chances de conserver la mairie
«Je mets en place des opérations qui profitent à tous, ce n'est pas du clientélisme», se défend l'édile. «La commune n'a aucune dette, les administrés ne supportent aucun emprunt et nous n'avons pas eu besoin d'augmenter les impôts lors de la dernière mandature», se félicite-t-elle.Mais, pour Sylvie Cancelloni, qui présente une liste divers-droite, «le système est à bout de souffle». «Les réserves financières de la ville sont quasiment épuisées et le Grand Paris va être un choc terrible», car Puteaux devra reverser à la métropole une partie de la manne financière provenant de La Défense, remarque-t-elle.
Faute d'alliance entre ses détracteurs, Joëlle Ceccaldi a de bonnes chances de conserver la mairie. Si elle est réélue, elle entend construire de nouveaux logements sociaux et investir davantage dans la sécurité.