TRAVAILLe plan pour l'emploi de Hollande peut-il enrayer la hausse du chômage?

Chômage: Le plan pour l'emploi de Hollande est-il à la hauteur?

TRAVAIL«20 Minutes» a interrogé deux économistes sur l'efficacité des mesures pour l'emploi présentées ce lundi par François Hollande...
Laure Cometti

Laure Cometti

François Hollande n’a plus qu’un an pour tenir son engagement d’inverser la courbe du chômage d’ici la fin de son mandat. Le chef de l’Etat a présenté ce lundi une série de mesures pour relancer l’emploi. Ce plan est-il à la hauteur de la situation, alors que la barre des 3,5 millions de chômeurs a été franchie en mars 2015 ?

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Attention à ne pas « diluer » le budget des formations

Le gouvernement vise l’objectif de former 20 % des demandeurs d’emploi, en proposant un million de formations en 2016, contre 500.000 en 2015. Le besoin de formation fait consensus. « C’est un outil essentiel pour lutter contre le chômage », souligne Gérard Cornilleau, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui regrette que ces moyens soient mis en œuvre dans le cadre de « plans successifs et transitoires, en fonction d’un calendrier économique ou politique, et pas en permanence. Mais la formation ne marche que lorsqu’il y a des emplois », souligne-t-il.

Attention à « la dilution des moyens de formation, dont le budget s’élève déjà à 35 milliards d’euros », souligne Stéphane Carcillo, économiste et maître de conférences à l’université Paris 1. « Il y a beaucoup de formations non qualifiantes ou sans débouchés », déplore-t-il, plaidant pour une meilleure évaluation de ces cursus.

La baisse des charges sociales est « incitative »

Pour créer des emplois, François Hollande mise principalement sur un allégement fiscal pour les entreprises et l’incitation à l’embauche pour les petites et moyennes entreprises (moins de 250 salariés). Le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) sera transformé en « baisse définitive de charges sociales » au-delà de 2017. « C’est incitatif de transformer un remboursement en baisse de charges », observe Stéphane Carcillo. Le CICE, actuellement plafonné à 2,5 fois le Smic, mériterait selon lui de cibler davantage les bas salaires. « C’est là qu’il y a du chômage et que le coût du travail est problématique », insiste-t-il.

Gérard Cornilleau est plus sceptique quant à la volonté de faire baisser le coût des emplois peu qualifiés, « au risque de déqualifier la main-d’œuvre ». Il met en garde contre la surenchère européenne en matière de gain de compétitivité. « C’est une politique suicidaire ».

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La prime à l’embauche pour les PME, un simple « effet d’aubaine » ?

Autre mesure visant à stimuler l’embauche : les PME toucheront une prime annuelle de 2.000 euros pendant deux ans pour chaque recrutement en CDI ou CDD (de plus de six mois) à un salaire proche du Smic (de 1 à 1,3 fois le salaire minimum), avant la fin de l’année 2016. Pour Gérard Cornilleau, cette prime aura « surtout un effet d’aubaine », mais pas d’impact durable sur le chômage. Cette prime ne convainc pas non plus certains patrons de PME interrogés par L’Express, qui la qualifient de « mesurette » et réclament un assouplissement du droit du travail.

Stéphane Carcillo estime en revanche que cette prime peut avoir un impact à court terme, « car elle est incitative et cible les bas salaires ». Un dispositif similaire mis en place en 2009-2010 pour les entreprises de moins de dix salariés avait selon lui permis de créer « 30.000 emplois ».

Si Gérard Cornilleau se montre plus sceptique, Stéphane Carcillo estime donc que « ce plan va clairement dans le bon sens, et l’effort, à hauteur de deux milliards d’euros, est significatif ». L’économiste regrette toutefois que l’exécutif n’ait pas annoncé un assouplissement du licenciement économique, un dispositif qui a été « créateur d’emplois en Espagne ».