Edouard Philippe annonce une baisse de la «pression fiscale» de 11 milliards d'euros en 2018
ECONOMIE•Ce « souffle fiscal » est censé relancer l’économie française…20 Minutes avec AFP
Le premier ministre Edouard Philippe a clarifié mardi la stratégie budgétaire du gouvernement en annonçant des baisses d’impôts massives dès 2018, évaluées à près de 11 milliards d’euros, afin de créer un « souffle fiscal » susceptible de relancer l’économie française.
Taxe d’habitation, impôt sur la fortune, flat tax… Après plusieurs jours de tergiversations, marqués par des annonces contradictoires, le chef du gouvernement a dit vouloir « accélérer » le rythme des baisses d’impôts « afin de maximiser les effets économiques de cette stratégie ».
« C’est un effort considérable »
« La pression fiscale sera réduite de près de 0,6 point de PIB » l’an prochain, « soit un montant proche de 11 milliards » d’euros, a-t-il déclaré dans un entretien publié sur le site Internet des Echos, à la veille du début du débat d’orientation budgétaire avec les parlementaires.
« C’est un effort considérable », qui représente « plus de la moitié » des baisses d’impôts promises par l’exécutif sur l’ensemble du quinquennat, a ajouté le premier ministre, disant vouloir « provoquer un effet de souffle fiscal en faveur de l’investissement, de l’emploi et de la croissance ».
Lors de son discours de politique générale, le 4 juillet, le chef du gouvernement avait annoncé des mesures d’économie, mais aussi et surtout le report à 2019 de plusieurs réformes fiscales, afin de contenir le déficit sous la barre des 3 % exigée par Bruxelles en 2017 comme en 2018.
La réforme de l'ISF dès 2018
Mais face à la grogne des milieux économiques, qui craignaient de voir l’effet des baisses d’impôts se diluer en cas d’étalement des réformes dans le temps, Edouard Philippe avait indiqué lundi « étudier les solutions » pour « accélérer » les baisses d’impôts, jusqu’alors prévues à 7 milliards en 2018.
« Il s’agit d’un élément d’une politique globale cohérente, avec le plan d’investissements de 50 milliards » et « la réforme du droit du travail », assure le locataire de Matignon, désireux de « donner confiance aux acteurs économiques, avec de la visibilité et des engagements précis ».
Oublié donc le report de la réforme de l’impôt sur la fortune (ISF) : le nouveau dispositif, qui prévoit de concentrer cet impôt emblématique sur le seul patrimoine immobilier afin de favoriser l’investissement, sera appliqué « intégralement en 2018 », ce qui coûtera trois milliards d’euros.
Prudence sur les prévisions économiques
Terminées également les hésitations sur le calendrier de la réforme de la taxe d’habitation : sa suppression pour 80 % des ménages, présentée comme l’une des mesures phares d’Emmanuel Macron pour le pouvoir d’achat, sera enclenchée l’an prochain, avec une première étape évaluée à trois milliards d’euros.
Quant au prélèvement forfaitaire unique de 30 % sur les revenus de l’épargne, parfois qualifié de « flat tax », il sera mis en œuvre dès 2018, avec un coût « d’environ 1,5 milliard d’euros » pour les finances publiques, souligne Edouard Philippe, qui précise que « les produits défiscalisés comme le Livret A seront toujours exemptés ».
Malgré ces différentes mesures, le chef du gouvernement se dit « prudent » sur les prévisions macroéconomiques, indiquant tabler sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,6 % en 2017, puis de 1,7 % en 2018 et de 1,8 % en 2022. Soit une trajectoire proche de celle prévue par le gouvernement précédent.
Le gouvernement a par ailleurs inscrit dans ses documents budgétaires un déficit public s’établissant à 2,7 % en 2018. « Mais je ne suis pas un fétichiste du chiffre », prévient le Premier ministre. « Mon objectif politique est d’être en dessous de 3 %, grâce au retour de la confiance ».