Le plafonnement de la rémunération des patrons du public est en marche

Le plafonnement de la rémunération des patrons du public est en marche

ECONOMIE – A la rentrée, une loi viendra encadrer celle des entreprises privées...
M.B.

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Le gouvernement a tenu parole. Le décret qui plafonne à 450.000 euros la rémunération brute annuelle des dirigeants d'entreprises publiques a été approuvé, mercredi, en Conseil des ministres, et est publié, ce jeudi, au Journal Officiel. «Le champ d’application du décret comprend environ cinquante entreprises détenues directement ou indirectement par l'Etat et sera étendu par arrêté aux dix principales filiales de ces entreprises», précise l’exécutif. La Caisse des dépôts et consignations fera, pour sa part, l'objet d'un décret spécifique.

Des patrons à la diète

Le contrôle des rémunérations sera exercé par le ministre de l'Economie, conjointement avec le ministre du Budget. Du côté de Bercy, on souhaite que la vingtaine de patrons dont la rémunération globale (salaire fixe + variable + jetons de presence) dépasse le plafond soit rabottée d’ici un an. Henri Proglio, le patron d’EDF, qui a perçu 1,6 million d’euros l’an dernier devra diviser ses émoluments par trois.

Les dirigeants d’Areva, d’Aéroport de Paris ou encore du groupe La Poste seront également mis au regime. Guillaume Pépy de la SNCF, Pierre Mougin de la RATP ou encore Christophe Blanchard-Dignac de la Française des Jeux ne verront pas leur salaire amputé. Ironie de l’affaire, cette limitation de rémunération va agrandir l’écart qui existe déjà entre des grands patrons et certains de leurs cadres dirigeants. A la SNCF ou encore chez EDF, une poignée d’entre eux bénéficient déjà d’une rémunération plus élevée que leur boss. Or, ceux-ci ne sont pas visés par le décret présenté en Conseil des ministres. Pierre Moscovici, le minister de l’Economie s’en remet donc aux dirigeants des entreprises concernées pour limiter le salaire de leurs collaborateurs.

Les rémunérations accessoires du privé dans le viseur

L’exécutif entend bien proposer le plafonnement dans les sociétés où il est minoritaire en espérant que sa voix sera entendue par les autres actionnaires. Stéphane Richard, le patron de France Télécom, a déjà indiqué début juin qu'il se «conformerait strictement à ce qui sera décidé» par le conseil d'administration du groupe, dont l'Etat est le premier actionnaire avec près de 27% du capital. Aujourd’hui, avec un salaire de 1,5 million d’euros, il figure au 37e rang parmi les dirigeants du CAC 40.

Reste que la décision du gouvernement ne s’attaque pas pour l’instant, aux rémunérations accessoires, comme les parachutes dorés, les retraites chapeau, les stock-options, les actions gratuites ou encore les primes de non-concurrence. Celle de 400.000 euros accordée à l’ancien patron d’Air France a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre. Bercy compte présenter un projet de loi sur le sujet dès la rentrée pour empêcher les abus.