INTERVIEWMais à quoi sert le Forum économique mondial de Davos?

Mais à quoi sert le Forum économique mondial de Davos?

INTERVIEWAlors que les grands de ce monde se réunissent pour cinq jours dans la station de ski suisse, Philippe Moreau Desfarges nous éclaire sur la vocation de ce club très sélect...
Propos recueillis par Claire Planchard

Propos recueillis par Claire Planchard

Créé en 1971 par Klaus Scwhab, le Forum économique mondial réunit chaque année, au cœur des Alpes Suisses, l’élite mondiale des hommes d’affaires, responsables politiques et chercheurs autour d’un engagement pour le moins ambitieux: «améliorer l’état du monde». Philippe Moreau Desfarges, chercheur à l’Ifri, et notamment auteur de l’étude «Le Forum de Davos - Les patrons milliardaires forment-ils une gouvernance planétaire?», revient sur l’influence de cette organisation.

Peut-on attendre quelque chose de ce Forum économique mondial?

Non, le forum de Davos n’est pas un lieu de décision. Ça reste d’abord un lieu de rencontres et d’échanges qui permet de mesurer le climat de la planète. C’est l’occasion pour les chefs d’entreprise et de gouvernement de passer quelques jours ensemble. C’est une enceinte tout à fait informelle mais qui est extrêmement importante car elle fait venir des gens de haut niveau et ses débats sont très intéressants. C’est un excellent thermomètre des grands enjeux économiques du monde.

Quelle est la température aujourd’hui?

Depuis deux ou trois ans, Davos est devenu un lieu d’inquiétude: les dirigeants se sont rendu compte qu’une crise mondiale se profilait. Par ailleurs, Davos se tient dans des conditions de sécurités de plus en plus renforcées qui reflètent la montée des contestations anticapitalistes notamment.

Venir à Davos est-il devenu incontournable aussi pour les dirigeants politiques?

Non, mais pour un chef de gouvernement en difficulté, qui veut attirer des investisseurs ou bien améliorer son image de marque, le Forum économique de Davos est l’occasion de se montrer. C’est une vitrine prestigieuse. C’est aussi un examen de passage car il leur faut discuter dans des débats de haute tenue et ils sont jugés sur leur capacité à être présents dans «ce club» très fermé et prestigieux. On a vu par exemple Nelson Mandela ou des responsables palestiniens venir à Davos: pour eux, c’était l’occasion de se faire connaître et de gagner en légitimité.