CONSOMMATIONEtre vendeur pendant les soldes, «c'est l'horreur»

Etre vendeur pendant les soldes, «c'est l'horreur»

CONSOMMATIONLa charge de travail explose face à des clients survoltés...
Premier jour des soldes le 12 janvier 2011 à Paris.
Premier jour des soldes le 12 janvier 2011 à Paris.  - STEVENS FREDERIC/SIPA
Elsa Meyer (avec C.C.)

Elsa Meyer (avec C.C.)

Les consommateurs l’attendaient comme le messie. Les soldes ont bel et bien commencé ce mercredi à 8h tapantes.

C’est en revanche avec anxiété que les vendeurs ont regardé la date fatidique se rapprocher sur leur calendrier. Car tous sont unanimes: travailler pendant les soldes, «c’est l’horreur».

Préparation en amont

Surtout que les choses se compliquent bien avant le coup d’envoi. «Il faut commencer à repérer les articles soldés une quinzaine de jours auparavant, les trier puis installer les étiquettes ou les panneaux de réductions au dernier moment», témoigne Marie*, conseillère clientèle depuis 25 ans à Lille dans une grande chaîne de prêt-à-porter.

Le jour J, l’enfer commence. «C'est la cohue, la foire d'empoigne. Les soldes, c’est vraiment l’horreur», raconte Maud, vendeuse pendant plusieurs mois pour une marque italienne. Mais le pire est à venir: la foule est encore plus dense le premier samedi qui suit quand le week-end commence.

«Les clients sont désagréables»

Une seule chose à faire face à cet afflux de consommateurs survoltés: ramasser, ranger et encaisser. «J'ai passé mes journées à replier des pulls, je ne savais plus comment je m'appelais à la fin», se souvient Maud. «Nous n’avons pas le temps de faire autre chose, c’est très pénible», témoigne Marie.

Car en période de soldes, la plupart des clients se transforment en tornades prêtes à tout balayer sur leur passage. «Ils sont souvent désagréables et très exigeants. J’en ai vu une qui essayait des dizaines d’articles et jetait par terre ceux qui ne lui convenaient pas», témoigne Céline, qui ne regrette pas d’avoir abandonné son métier de vendeuse.

«Pour avoir la jupe de leurs rêves, certaines clientes n’hésitent pas à bousculer dix personnes. Elles se permettent des choses qu’elles n’oseraient jamais faire en temps normal», explique Marie.

Cinq semaines de pression

Et le problème des soldes pour la profession, c'est qu’ils durent cinq semaines. Un marathon pour ces vendeurs qui subissent souvent une plus forte pression que d’habitude.

«J’ai travaillé dans une petite boutique parisienne qui réalisait une partie importante de ses ventes pendant les soldes. La direction doublait donc nos objectifs. Dès qu’une cliente poussait la porte, je voyais un chiffre d’affaires au-dessus de sa tête!», confie Céline.

Tout recommencer

Certains magasins embauchent des intérimaires pour l’occasion. Mais les soldes sont souvent synonymes de charge de travail supplémentaire, de suppression de pauses déjeuner et de journées à rallonge pour les vendeurs. «Au moins on ne s’ennuie pas», s'exclame Céline. «L’ambiance est aussi meilleure avec les clients car ils sont contents de faire de bonnes affaires», raconte Marie.

Malgré ces quelques notes positives, tous poussent un «ouf» de soulagement une fois le rideau des soldes baissé.

Sauf que rien n’est fini. Les vendeurs doivent encore réorganiser le magasin, empaqueter les invendus, les mettre de côté ou les envoyer à des associations. Et se dire qu’il faudra tout recommencer dans quelques mois pour les soldes d’été.

* Le prénom a été changé.