Woerth et Lagarde: le double salaire d'Henri Proglio est justifié

Woerth et Lagarde: le double salaire d'Henri Proglio est justifié

Alors que les critiques s'amplifient, la majorité et le gouvernement, Eric Woerth en tête, justifient le double salaire d'Henri Proglio en tant que PDG d'EDF et président du Conseil d'administration de Veolia.

La polémique enfle autour du salaire d'Henri Proglio. Et même Eric Woerth et Christine Lagarde la comprennent, ils trouvent toutefois justifié la double rémunération du nouveau PDG d'EDF.

"M. Proglio a deux responsabilités et donc il y a deux salaires. En réalité, la somme des deux salaires représente ce qu'il gagnait auparavant, donc il n'a pas gagné d'argent", a ainsi argumenté Eric Woerth.

Le ministère de l'Economie a confirmé mardi qu'Henri Proglio toucherait un revenu annuel de 2 millions d'euros. Au sein de cette somme, 450.000 euros viendront de son poste en tant que président du Conseil d'administration de Veolia, et 1,6 millions d'euros de son statut de PDG d'EDF.

Christine Lagarde avait pourtant affirmé en novembre dernier qu'il ne percevrait qu'un seul salaire. La ministre de l'Economie a cependant trouvé "assez logique" ce mercredi que le patron de Veolia ait souhaité "conserver le même niveau de rémunération".

"Le conseil d'administration de Veolia a décidé de lui fixer une indemnité de 450.000 euros. Dans ces conditions (...) nous avons fixé sa rémunération de sorte qu'il conserve la rémunération qu'il avait chez Veolia", a-t-elle ajouté.

"Des chiffres importants"

En 2008, alors qu'il n'était que PDG de Veolia, Henri Proglio avait perçu 1,6 million d'euros et sa rémunération pour 2009 n'est pas encore connue.

"C'est un peu une polémique que je comprends parce que c'est des chiffres importants, il faut toujours tout écouter, mais il faut donner à Henri Proglio toutes les chances de bien remplir sa mission", a expliqué M. Woerth. "Dans d'autres pays, ils paient mieux leurs dirigeants (...) La France n'est pas un pays qui paie si bien que ça ses dirigeants même si les sommes peuvent sembler très importantes", a-t-il fait valoir.

Le prix des grands dirigeants

Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a également reconnu mercredi sur Europe 1 que le salaire d'Henri Proglio pouvait "choquer, par le montant absolu, certains de nos concitoyens", mais que "c'est le prix de la rémunération de grands dirigeants de grande qualité dans notre pays".

"Nous avons été cherché Henri Proglio. Henri Proglio n'était pas candidat à EDF et donc il n'est pas anormal que nous lui garantissions le maintien de sa rémunération", a-t-il déclaré.

"Il va être rémunéré en tant que président directeur général d'EDF au même niveau que son prédécesseur, et il sera rémunéré par Veolia, comme président non exécutif, au niveau du marché des présidents non exécutifs. Au total ça fait une rémunération qui est la même que celle qu'il touchait précédemment", a-t-il fait valoir.

Double salaire et double casquette

L'opposition socialiste par la voix d'Aurélie Filippetti, secrétaire nationale à l'énergie, a, elle, dénoncé les "indemnités indécentes" versées à Henri Proglio. Elles "posent une nouvelle fois de manière aiguë l'anormalité du cumul de ses deux fonctions à la tête d'EDF et Veolia".

La double casquette de Henri Proglio, devenu patron d'EDF tout en restant président du Conseil d'administration de Veolia, et ses exigences en matière de rémunération avaient déjà suscité de vives critiques au moment de sa prise de fonction au sein du groupe public en novembre dernier.

Mais Christine Lagarde considère qu'"il n'y a pas de cumul opérationnel, puisqu'il est président du conseil" d'administration de Veolia, "auquel il consacrera un peu de son temps, en étant 100% de son temps chez EDF".