Le nucléaire, "l'énergie la plus rentable"
Le nucléaire a le vent en poupe, affirme Sami Tulonen, directeur des affaires institutionnelles de Foratom (la société de lobbying nucléaire à Bruxelles) qui répond aux questions d' E24.Guillaume Guichard
Retards sur les chantiers des centrales nouvelle génération, gel des investissements en Afrique du Sud… Le nucléaire a-t-il vraiment le vent en poupe? Sans conteste, affirme Sami Tulonen, directeur des affaires institutionnelles de Foratom (la société de lobbying nucléaire à Bruxelles) qui répond aux questions d'E24.
Le nucléaire a-t-il vraiment permis de réduire la dépendance énergétique?
Oui. Le nucléaire représente 30% de la production d'électricité en Europe, ce qui contribue beaucoup à réduire la dépendance énergétique.
Surtout, le marché de l'uranium, la matière première nécessaire au nucléaire, est très sûr. Une suspension brutale des échanges, comme cela est arrivé avec la Russie pour le gaz, ne peut pas survenir sur ce marché.
Le minerai provient pour une très grande partie de pays stables comme l'Australie, le Canada ou l'Afrique du Sud. Et puis, l'uranium non raffiné se stocke très facilement, nous pouvons donc constituer des réserves.
Les réserves sont-elles suffisantes?
Oui. Nous ne sommes pas confrontés à un épuisement des réserves, comme c'est le cas avec le pétrole. L'OCDE a estimé que l'on disposait dans le monde de suffisamment de ressources d'uranium pour faire tourner les centrales existantes pendant 300 ans.
Est-il rentable d'investir dans ce type d'énergie?
Bien sûr. C'est, selon nous, la source d'énergie la plus rentable. Prenez par exemple les énergies renouvelables, comme l'éolien. Ce ne sont pas encore des technologies matures et elles ne sont développées qu'à coup de subventions publiques. Nous estimons que l'électricité nucléaire coûte 20% à 30% moins cher que celle provenant de l'éolien.
Pourquoi?
Parce qu'une centrale nucléaire fonctionne 24h/24, et presque 365 jours par an, ce qui permet d'amortir les investissements. Le taux d'utilisation du parc nucléaire mondial s'élève ainsi à 85%. Les énergies renouvelables demeurent loin derrière.
D'autre part, le coût de l'énergie nucléaire lui-même est stable dans le temps car il est très peu impacté par les variations du prix des matières premières. L'uranium ne représente que 5 à 7% du prix du kilowatt heure issu du nucléaire alors que le gaz représente 76% du prix de l'électricité produite par une centrale au gaz.
Les retards observés sur les chantiers des centrales de nouvelle génération, dites EPR, vont-ils réduire leur rentabilité?
D'abord, ces retards étaient prévisibles dans la mesure où les deux centrales, finlandaise et française, sont les premières du genre. C'est un classique dans l'industrie. Airbus fait face au même problème avec l'A380, qui représente aussi un bond technologique pour l'industrie aéronautique. Mais ces retards et l'augmentation des coûts à court terme n'auront pas d'impact sur la rentabilité des centrales EPR: elles sont faites pour durer 60 ans.