Intel refuse de payer son amende
Condamné par la Commission européenne à verser 1,06 milliard d'euros pour abus de position dominante, Intel a annoncé qu'il allait faire appel.J. Bx avec AFP
La réaction est claire. "Nous pensons que c'est une mauvaise décision", a indiqué le directeur général d'Intel, Paul Otellini, dans un communiqué diffusé à Bruxelles. "Intel va faire appel", car "les consommateurs (n'ont) absolument pas souffert", a-t-il ajouté.
"Intel a causé du tort à des millions de consommateurs européen en cherchant délibérément à exclure les concurrents du marché des puces informatiques pendant des années. Une infraction aussi grave et d'une telle durée ne peut être tolérée", s'est de son côté justifiée la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes, citée dans un communiqué. L'amende infligée à Intel en conséquence représente 4,15% de son chiffre d'affaires annuel, alors que le droit autorise Bruxelles à aller jusqu'à 10%.
Concrètement, la Commission reproche à Intel d'avoir profité entre octobre 2002 et décembre 2007 de sa position dominante sur le marché des processeurs pour micro-ordinateurs (x86) pour en écarter ses concurrents. Ce marché représente un chiffre d'affaires de 22 milliards de dollars, dont 30% est réalisé en Europe, selon la Commission.
Intel accordait des remises "intégralement ou partiellement occultes" à des fabricants d'ordinateurs qui s'engageaient à acheter leurs processeurs uniquement auprès d'Intel. Il a aussi effectué des paiements directs à un grand distributeur d'électronique, MediaMarkt, pour qu'il ne vende que des ordinateurs équipés de ses processeurs. Parmi les fabricants d'ordinateurs ayant participé à cette "combin" figurent Acer, Dell, Hewlett Packard, Lenovo et NEC.
Ces manœuvres visaient notamment à écarter son concurrent et compatriote Advanced Micro Devices (AMD), l'autre grand fabricant américain de microprocesseurs. "La Commission conteste, non pas les remises en elles-mêmes, mais les conditions auxquelles Intel les a accordées", précise le communiqué. La décision de ce mercredi met fin à des années d'enquête, déclenchées notamment par des plaintes d'AMD qui accusait depuis longtemps Intel de gêner son accès au marché.
"La décision de ce jour est une étape importante dans la mise en place d'un marché véritablement concurrentiel", a déclaré le PDG d'AMD, Dirk Meyer. Le dirigeant s'est également dit "impatient de quitter un marché que dominait Intel pour un marché dominé par les clients". Déjà condamné au Japon et en Corée du Sud, Intel est par ailleurs au centre de plusieurs enquêtes aux Etats-Unis.