C'est, dans un pays, la construction d'une muraille économique : limiter l'entrée de produits étrangers sur son territoire pour protéger ses intérêts et ses emplois. La tentation est forte en période de crise. Les Etats peuvent, par exemple, relever les droits de douane des biens importés, comme viennent de le faire les Russes sur les voitures japonaises. Les Américains sont passés à deux doigts d'adopter une clause obligeant les entreprises de BTP à acheter de l'acier made in USA. Mais l'arme est à double tranchant. Elle débouche sur un engrenage de rétorsions et de conflits : « Tu me refuses mon fer, je ne prendrai pas tes voitures. » Et tout le monde risque de se retrouver perdant. Dans les années 1930, ce scénario a contribué à un recul des deux tiers du commerce mondial. Cela a aggravé la dépression. Aujourd'hui, officiellement, les pays les plus riches bannissent cette solution. Mais la réalité est plus nuancée. Les aides de la France aux constructeurs hexagonaux sont une forme de protectionnisme déguisé : elles leur donnent un avantage au détriment des marques étrangères. L'important, c'est que tout cela se passe dans un cadre négocié. En évitant le chacun pour soi. En principe, il y a un arbitre pour trouver le juste équilibre entre libre-échange et volonté des Etats de favoriser leurs marchés locaux : l'Organisation mondiale du commerce. Mais elle a un mal fou à mettre d'accord ses 153 pays membres sur des règles du jeu.