FONCTION PUBLIQUELe dialogue entre les fonctionnaires et le gouvernement est-il rompu?

Manifestation des fonctionnaires: Le dialogue avec le gouvernement est-il rompu?

FONCTION PUBLIQUELa question des contractuels est un point majeur de discorde entre le gouvernement et les fonctionnaires, appelés à manifester ce mardi dans toute la France…
La grève des fonctionnaires le 22 mars 2018 à Bordeaux.
La grève des fonctionnaires le 22 mars 2018 à Bordeaux. - SIPA
Nicolas Raffin

Nicolas Raffin

L'essentiel

  • Neuf syndicats de la fonction publique appellent à une journée de grève et de manifestation ce mardi 22 mai.
  • Le gel du point d’indice et le recours accru aux contrats à durée déterminée enviagés par le gouvernement inquiètent les organisations syndicales.
  • L'exécutif assure de son côté qu'il est ouvert aux propositions des syndicats.

Ce mardi, les fonctionnaires devraient réussir un exploit lors de leur manifestation : faire défiler côte à côte les principaux leaders des confédérations syndicales – Philippe Martinez pour la CGT, Pascal Pavageau pour FO, Laurent Berger pour la CFDT – dans le cortège parisien. Au total, neuf syndicats de la fonction publique appellent à cette journée de mobilisation.

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« L’unité syndicale c’est un bon point, affirme Bernadette Groison (FSU). Cela montre qu’on est capable de dépasser nos divergences pour se retrouver, mais ça signifie aussi que les enjeux sont très lourds. » Les représentants des fonctionnaires sont particulièrement remontés contre plusieurs mesures de l’exécutif, comme le gel du point d’indice (qui sert à définir le niveau de rémunération des 5,7 millions d’agents) ou la suppression de 120.000 postes d’ici 2022.

« Un coup de canif au principe de la fonction publique »

Dernier grief en date : le recours aux contractuels – des agents embauchés en contrat à durée déterminée – que le gouvernement veut encourager dans la fonction publique. « Nous souhaitons faciliter [ce] recours (…) pour permettre aux employeurs publics de recruter de manière plus réactive, plus rapide, plus autonome », déclarait mardi dernier Olivier Dussopt, secrétaire d’État à la Fonction publique.

Pour les syndicats, nul besoin d’étendre un dispositif qu’ils jugent suffisamment développé. De fait, fin 2016, les non-titulaires représentaient 17 % des effectifs. Et dans un article publié l’année dernière, la sociologue Aurélie Peyrin rappelait qu’en 2014 « plus de la moitié des embauches [des agents publics] se faisaient sous contrat à durée déterminée ».

« La piste évoquée de l’élargissement du recours au contrat nous inquiète » reconnaît Mylène Jacquot, de la CFDT. Bernadette Groison se montre plus explicite : « faire du contrat le mode principal de recrutement de la fonction publique, c’est tourner le dos au statut. On pense qu’au XXIe siècle, le contrat ce n’est pas l’avenir de l’emploi. Vouloir l’étendre, c’est porter un coup de canif au principe fondateur de la fonction publique. »

« Après trois mois, nous ne savons toujours pas vers quoi veut aller le gouvernement »

Au-delà de ces désaccords de fond, les syndicats sont aussi excédés par la méthode de l’exécutif. « Il y a un autisme complet de la part du gouvernement, lance Denis Basset (FO). Il n’y a aucune réponse. Tout laisse présager qu’il ne va rien se passer au cours du mois de juin, lors du rendez-vous pour parler de l’évolution des salaires ». « Le mot "concertation" tel qu’il est utilisé par le gouvernement est un mot qui cache la réalité, poursuit Luc Farré (Unsa). On a des réunions, on nous annonce des pistes, mais après trois mois nous ne savons toujours pas vers quoi veut aller le gouvernement sur les chantiers qu’il a ouverts. »

« La concertation est ouverte, réplique l’entourage d’Olivier Dussopt. Il ne tient qu’aux organisations syndicales de nous faire des propositions, qui devront s’inscrire dans l’objectif de résultats souhaité par le gouvernement ».

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Les syndicats auront un peu plus d’informations début juin, lorsque le comité « Action publique 2022 » publiera ses propositions pour réduire la dépense publique. Mais ces conclusions n’engageront « que le comité » et pas le gouvernement, a répété Bercy à plusieurs reprises. De quoi laisser planer le suspense sur les décisions finales, alors que les organisations syndicales trouvent déjà le temps très long.