Plus d’un millier de stations-service sont impactées par des pénuries de carburant, alors que les syndicats CGT et FO continuent d’appeler au blocage des raffineries et des dépôts pour protester contre leprojet de loi travail. Mais, comme l’a assuré dimanche le secrétaire d’Etat chargé des Transports Alain Vidalies, une pénurie générale est peu probable car, outre des déblocages de dépôts de carburants, il a évoqué sur RTL « les stocks stratégiques auxquels nous n’avons pas touché pour l’instant et qui permettent à la France d’avoir plusieurs semaines, de nombreuses semaines de consommation devant elles ». Quels sont ces stockages stratégiques imposés aux opérateurs par la France ? Le point en questions-réponses…

Dans quel but la France détient-elle ces stocks dits « stratégiques » ?

En 2008, 32,5 % de consommation d’énergie de la France provenait du pétrole (14,9 % du gaz et 4,4 % du charbon), selon le ministère de l’Environnement et de l’Energie. La France est l’un des principaux importateurs de pétrole au monde. Obligation légale, la constitution de stocks stratégiques de produits pétroliers vise à « faire face à une rupture grave des approvisionnements, telle qu’une crise pétrolière internationale, une grève de la navigation, un boycott politique, des catastrophes naturelles, des événements climatiques, voire l’imprévoyance dans la gestion des exportations de certains pays », liste la direction générale de l’énergie et du climat de ce ministère. En 2014, ces stocks stratégiques étaient composés à 63,1 % de produits pétroliers raffinés, tels que les gazoles, le fioul domestique, les essences, et à 36, 9 % de brut.

Quelle est l’ampleur des réserves ?

Ces stocks assurent théoriquement « soit 90 jours de d’importations journalières nettes de pétrole brut et de produits pétroliers, soit 61 jours de consommation intérieure journalière moyenne », précise la note du ministre de l’Energie. « L’objectif est de disposer de 10 jours de supercarburants et de 15 jours en gazole et fioul domestique par zone de défense. Cet objectif est difficile à atteindre dans certaines régions », précise-t-elle. Notons que cette centaine de stocks est destinée à un usage civil car les armées disposent de leurs propres réserves.

Qui s’occupe des stocks stratégiques en France ?

Tant l’Etat, le Comité professionnel des stocks stratégiques pétroliers (CPSSP), la Société anonyme de gestion de stocks de sécurité (SAGESS) à laquelle le CPSSP délègue la gestion de ses opérations, que les entreprises du pétrole et quelques acteurs non pétroliers, comme EDF, s’occupent de ces stocks pétroliers.

Chaque opérateur pétrolier agréé exerçant son activité en métropole doit constituer et conserver des stocks stratégiques. Ils ont le choix de déléguer la majeure partie de leur obligation au CPSSP, moyennant rémunération et cautionnement préalable. Ces stocks font enfin l’objet de contrôles permanents pour vérifier leurs volumes.

Où sont localisés ces stocks stratégiques ?

Pour vivre heureux vivons cachés. Ce pourrait être la devise de ces produits stockés dans « des entrepôts spécialement réservés mais il est plus adéquat d’utiliser un stockage banalisé », précise le ministère. « La dispersion des stocks sur le territoire et leur proximité vis-à-vis du consommateur final favorisent leur utilisation en cas de rupture des circuits d’approvisionnement », assure-t-il encore.