Casino, face aux difficultés de sa filiale Cnova, emploie les grands moyens
•Le géant français de la distribution Casino a engagé jeudi ...© 2016 AFP
Le géant français de la distribution Casino a engagé jeudi les grandes manoeuvres pour assainir sa filiale de commerce en ligne en difficulté Cnova, en prévoyant de transférer sa branche brésilienne à Viarejo, l'une de ses filiales, pour se recentrer sur ses activités de e-commerce en France.
La société est échaudée depuis plusieurs mois par les soubresauts de Cnova Brazil, une entité lourdement affectée par le ralentissement économique du pays et une affaire de fraude. Ces problèmes sont largement à l'origine de la perte nette de 275 millions d'euros enregistrée par Cnova en 2015.
Pour y remédier, le groupe penche pour une solution radicale: il prévoit de séparer Cnova Brazil de Cnova en la cédant entièrement à l'entreprise brésilienne Via Varejo, également propriété du groupe, spécialisée dans la distribution de produits électroniques.
Ce projet, pour lequel les deux parties ont signé un accord de principe, «permettrait à Cnova de recevoir près de 97 millions de ses propres actions actuellement détenues par Via Varejo (soit 21,9% de son capital) ainsi qu'un complément numéraire d'un montant compris entre 32 millions de dollars et 49 millions de dollars», détaille le groupe dans un communiqué.
Il inclurait également le remboursement par Via Varejo d'une dette de Cnova Brazil vis-à-vis de Cnova «de près de 127 millions de dollars».
L'opération serait réalisée sur la base d'une valorisation de Cnova Brazil à un montant compris entre 492 et 557 millions de dollars.
Une fois allégé, Cnova pourrait se recentrer sur son site français Cdiscount, un des leaders du e-commerce dans l'Hexagone.
- 'Stratégie plus industrielle' -
Les deux parties misent sur un accord définitif d'ici le début du troisième trimestre et une finalisation avant octobre.
La maison mère Casino prévoit de lancer dans la foulée une offre publique d'achat sur les 8,1% du capital flottant de Cnova au prix de 5,50 dollars par action, pour un montant maximal de 196 millions de dollars. Ce montant correspond à une prime de 82% par rapport au cours du 27 avril, avant que Cnova ne fasse pour la première fois part publiquement de son intention de céder Cnova Brazil.
Contacté par l'AFP, le groupe ne souhaitait pas jeudi indiquer si cette proposition pouvait à terme mener à un retrait de la cote.
«A l'issue de la transaction, Cnova bénéficiera d'une gouvernance simplifiée avec une organisation rationalisée et se concentrera sur son principal marché français, où elle jouit d'une perspective de croissance élevée et d'un leadership reconnu grâce à son modèle différenciant», souligne Casino.
«C'est une opération gagnant-gagnant pour chacune des parties», a assuré jeudi aux analystes Emmanuel Grenier, directeur général de Cnova, évoquant notamment les gains de synergies et les réductions de coûts que pourra engendrer le rapprochement de Via Varejo et de Cnova Brazil.
Dans l'Hexagone, au premier trimestre, l'activité e-commerce du groupe s'est bien tenue: son chiffre d'affaires y a augmenté de 15,3% pour atteindre 465 millions d'euros.
Sur la même période au Brésil, le chiffre d'affaires a reculé de 43,8% à 274 millions d'euros.
Au-delà du climat économique peu favorable du pays, Cnova Brazil fait l'objet depuis décembre d'une enquête interne sur la gestion de ses stocks. Ces troubles avaient poussé son directeur, German Quiroga, à la démission fin 2015.
«Après avoir tenté des paris financiers en 2014-2015 (avec la cotation de Cnova, la réorganisation capitalistique des activités en Amérique latine, etc), Casino a choisi de revenir à une stratégie plus industrielle et à la simplification de son organisation», a commenté un courtier parisien.
L'opération était bien accueillie à la Bourse de Paris où le titre de Casino a cloturé en hausse de 4,88% à 53,51 euros. Cnova bondissait lui de 44,52% à 4,22 euros.
Cette réorganisation du e-commerce fait suite à une année 2015 chahutée pour Casino, marquée notamment par des résultats en baisse, et à la cession par le groupe de ses activités en Asie pour réduire son endettement.
Après la dégradation de sa note en catégorie spéculative par Standard and Poor's, le groupe tente désormais de rassurer.
Son PDG, Jean-Charles Naouri, a ainsi indiqué en début de semaine que le groupe envisageait de céder de nouveaux actifs dans les prochains mois et qu'«un redressement progressif» des activités au Brésil pouvait être envisagé d'ici 2017.