Intermittents: le Medef demande des économies
Le Medef a demandé au régime des intermittents du spectacle ...© 2016 AFP
Le Medef a demandé au régime des intermittents du spectacle d'économiser 185 millions d'euros par an, jeudi lors d'une réunion de négociation des partenaires sociaux de l'assurance chômage, montant «inacceptable» pour la CGT Spectacle, a-t-on appris lors d'une interruption de séance.
Dans son projet de document de cadrage, qui doit servir de base à la négociation des professionnels du spectacle sur le régime spécifique des intermittents, le Medef demande une réduction du ratio dépenses/recettes à 3, au lieu de 4 actuellement, soit des économies de 185 millions d'euros par an, en année pleine, d'ici 2018.
Et de préciser: «à charge pour les organisations représentatives du secteur, le cas échéant, de demander à l'Etat de maintenir le versement de tout ou partie de sa participation actuelle (qui correspond à la prise en charge du différé d'indemnisation, NDLR)».
Face à la grogne des intermittents en 2014, l'Etat avait décidé de compenser l'une des mesures controversées de la convention, la réforme du différé d'indemnisation, qui doit permettre 100 millions d'euros d'économies à l'Unédic en année pleine.
«En tout état de cause, les économies décidées (...) ne pourront être inférieures à 105 millions d'euros», selon le projet de texte patronal consulté par l'AFP lors d'une interruption de séance.
«C'est inacceptable. En gros ils nous disent de nous débrouiller pour aller récupérer cet argent auprès de l'Etat afin de réaliser des économies. Alors que ces 100 millions d'euros ont vocation à être transformés en fonds pour l'emploi, pas à financer durablement l'assurance chômage», a déploré Denis Gravouil, de la CGT Spectacle, majoritaire dans le secteur.
Ce fonds pour l'emploi des métiers de la culture devrait être crée en juillet 2016.
Actuellement, pour un euro de contribution, le régime des intermittents verse 4,1 euros d'allocations. Avant 2014, ce ratio s'élevait à 5,5.
Selon la CGT Spectacle, ramener le ratio à 3 entraînerait une baisse des allocations de l'ordre de 18%, ou une hausse des cotisations.
«Si ce document de cadrage part comme ça dans la branche du spectacle, ça semble compliqué d'aboutir à un accord. Nous avons prévenu Matignon: ce document va mettre le feu», a averti Eric Aubin, négociateur CGT.
Cette année, pour la première fois, les professionnels du spectacle négocieront eux-mêmes leurs propres règles d'indemnisation chômage pour les quelque 110.000 (selon la CGT) techniciens et artistes intermittents.
Mais ils doivent discuter sur la base d'une trajectoire financière fixée au préalable par les partenaires sociaux interprofessionnels de l'assurance chômage.