AERIENVIDEO. Mais que se passe-t-il chez Air France?

VIDEO. Mais que se passe-t-il chez Air France?

AERIENUne grève est prévue lundi 5 octobre...
Des avions de la compagnie Air France à l'aéroport Charles de Gaulle, en 2014
Des avions de la compagnie Air France à l'aéroport Charles de Gaulle, en 2014 - Stephane de Sakutin AFP
Céline Boff

Céline Boff

Trois syndicats d’Air France appellent à la grève lundi. A quelles perturbations faut-il s’attendre ? Le mouvement va-t-il durer ? Et contre quoi les salariés protestent-ils ? 20 Minutes fait le point.

La grève sera-t-elle importante ?

Non, a assuré ce vendredi matin Alexandre de Juniac, le PDG d’Air France-KLM. Reste que la direction ne connaît pas encore précisément l’ampleur du mouvement à venir. Elle informera ses passagers à partir de samedi, quand elle aura « une idée plus précise » de la situation. Comme d’habitude, les passagers d’Air France seront prévenus par SMS si leur vol est annulé. Les clients qui ne reçoivent pas de texto peuvent également se rendre sur le site internet des Aéroports de Paris et rechercher leur vol à l’aide du moteur de recherche ou contacter directement leur compagnie aérienne en cas de doute.

Qui appelle à la grève ?

La CGT, FO et l’Unsa, trois syndicats très implantés parmi les personnels au sol. Ils veulent mobiliser les salariés le jour du comité central d’entreprise (CCE), chargé d’examiner un nouveau plan de restructuration. Si Alexandre de Juniac n’a pas donné de précision sur ce plan, la restructuration devrait être sévère. Elle prévoit des départs volontaires mais aussi, et c’est une première chez Air France, des licenciements contraints. Alors que 6.880 emplois ont déjà disparu depuis 2010, le nouveau plan tablerait, d’après les syndicats, sur la suppression de 3.000 à 8.000 postes dans toutes les catégories de personnel, sur les 64.000 que compte encore la compagnie. Ce plan prévoit aussi une réduction de 10 % de l’offre long courrier, ce qui se traduira par des fermetures de lignes, et par le report des commandes de Boeing 787, un avion de dernière génération très prisé par les pilotes.

La grève était-elle évitable ?

La CGT, FO et l’Unsa n’auraient pas appelé à la grève lundi si le SNPL et le Spaf, les deux syndicats représentatifs des pilotes, avaient accepté les premières propositions de la direction, c’est-à-dire son plan « Perform 2020 ». Celui-ci prévoyait d’augmenter le temps de vol annuel des personnels navigants d’une centaine d’heures, sans accroître leur rémunération. Ce qui revenait, d’après le SNPL, à demander aux pilotes « deux mois de travail gratuit », une requête « inacceptable », d’après eux. Ils ont donc rejeté mercredi ce plan, contraignant la direction à proposer un plan B – celui qui sera examiné lundi en CCE.

Quel est le problème de fond ?

Air France n’est plus compétitive. Surendettée, la compagnie est concurrencée sur tous ses marchés. Sur les courts et moyens courriers, les passagers lui préfèrent les low-cost type EasyJet et sur les longs courriers, ils sont attirés par les offres alléchantes proposées par les compagnies asiatiques et surtout, par celles du Golfe (Emirates, Qatar Airways, Etihad). Pire encore, Air France perd du terrain même face à ses concurrentes européennes telles que Lufthansa ou British Airways. Elle est tout simplement trop chère : d’après une étude d’APDC – une association regroupant 34 compagnies aériennes — il y a « 25 % d’écart de coût de l’heure de vol entre Air France et la concurrence » en long-courrier.

Que va-t-il se passer à présent ?

Le Premier ministre Manuel Valls a appelé jeudi à la reprise des négociations entre la direction d’Air France et les pilotes, après l’échec des discussions. « Chacun doit participer à l’effort, notamment les pilotes », a-t-il dit. Les pilotes affirment être prêts à discuter : « Nous avons convenu de nous revoir après le CCE du 5 octobre », affirme Véronique Damon, porte-parole du SNPL. La direction n’y est pas opposée mais elle prévient que « les organisations syndicales doivent arriver avec un vrai projet » et « une vraie volonté de discuter ».