AGRICULTURELes céréaliers français lorgnent sur l'Iran et l'Arabie Saoudite

Les céréaliers français lorgnent sur l'Iran et l'Arabie Saoudite

AGRICULTUREIls veulent exporter leur production, en forte hausse, dans de nouveaux pays...
Céline Boff

Céline Boff

Tout ne va pas si mal dans l’agriculture française. Si les éleveurs voient leur production baisser, ce n’est pas le cas des céréaliers : entre juin 2014 et juin 2015, leurs récoltes ont explosé. Celle du blé dur d’abord, avec une hausse de +21 %, celle des orges ensuite, avec une augmentation de +15 %, et celle du blé tendre enfin (+8 %).

Cette dernière, la plus conséquente, bat même un record historique avec plus de 40 millions de tonnes produites, selon les chiffres délivrés ce jeudi par l’Association générale des producteurs de blé (AGPB). En 45 ans à peine, la production de blé tendre a été multipliée par trois, et le rendement, par deux… Mais surtout, « la qualité est au rendez-vous », se réjouit Philippe Pinta, président de l’AGPB. Près de la moitié (46 %) des blés récoltés présente un taux de protéines supérieur à 11 %, les rendant donc compatibles avec une utilisation boulangère.

L’Algérie, premier client à reconquérir

Du coup, la filière espère réaliser une très belle année à l’export, elle qui écoule déjà 45 % de ses stocks à l’étranger (40 % en Europe, 60 % hors Europe). Elle souhaite conforter sa présence dans des marchés nouveaux, comme la Thaïlande, le Bangladesh, la Corée du Sud ou encore les Philippines. Mais aussi conquérir de nouveaux territoires, et notamment « l’Iran et l’Arabie Saoudite », précise Philippe Pinta. Des marchés déjà disputés, notamment par la Russie, l’un des principaux concurrents de la France.

Mais pour vraiment réussir, la France devra aussi reconquérir ses marchés historiques, comme le Maroc et surtout, l’Algérie, où elle a perdu bien du terrain. L’an dernier, les exportations de blé tricolore vers l’Algérie – premier client de la France – ont chuté de 44 %.

Pas à cause d’un recul de la demande : les besoins algériens ne cessent au contraire de progresser. Si l’Algérie a refusé une bonne partie de la production française, c’est en raison de la mauvaise qualité de la récolte, a priori dégradée par les aléas climatiques. Les exportateurs français ont bien tenté de rattraper le coup en achetant du « bon » blé à l’étranger afin de le mélanger au mauvais blé français. Mais les Algériens ont refusé cette offre, rappelant que leur cahier des charges exige un blé 100 % français.

Manifestation prévue le 3 septembre

Du coup, l’Algérie, déjà échaudée par le scandale des 45.000 tonnes de blé et orge français impropres à la consommation importées en 2011, s’est tournée vers de nouveaux fournisseurs, notamment le Canada, les Etats-Unis et l’Allemagne. « Et nous savons qu’il n’est pas facile de reconquérir des clients… », lâche Philippe Pinta.

Réussir à écouler les stocks est capital pour la filière française. Car, malgré la hausse de la production, le revenu n’est toujours pas au rendez-vous pour les céréaliers. Avant impôt et cotisations sociales, il s’élèvera cette année à 16.400 euros en moyenne, soit un niveau équivalent à l’an dernier.

Ce revenu est tiré vers le bas par la chute des prix – la tonne de blé a perdu 40 euros en moins de deux mois –, la baisse de certaines productions, notamment celles du maïs grain (-28 %) et du colza (-9 %), mais aussi, d’après les céréaliers, par la « multiplication des normes superflues, notamment en matière d’environnement ». L’AGPB appelle d’ailleurs ses adhérents à participer à la manifestation organisée le 3 septembre prochain par la FNSEA. Le syndicat a prévu d’envoyer ce jour-là plus d’un millier de tracteurs dans les rues de la capitale.