Apprentissage: Cinq idées reçues passées au crible
FORMATION•Le gouvernement souhaite relancer ce mode de formation, en perte de vitesse...Céline Boff
Doper l’apprentissage. C’est l’objectif du gouvernement. Pour préparer la rentrée prochaine, le Premier ministre Manuel Valls reçoit ce mardi les syndicats, le patronat et les Régions. L’occasion de faire le point sur les clichés circulant sur le sujet.
1) La France compte peu d’apprentis
VRAI Si elle en dénombre plus que l’Espagne ou l’Italie, elle en recense moins que l’Autriche, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Danemark ou encore, les Pays-Bas. Concrètement, 400.000 jeunes sont en apprentissage en France, contre 1,5 million en Allemagne. L’apprentissage étant l’une des meilleures armes contre le chômage, François Hollande s’est fixé comme objectif d’arriver à 500.000 apprentis en 2017. Ce n’est pas gagné, la tendance étant plutôt à la perte d’effectifs: les entrées dans le dispositif ont baissé de -3% en 2014, après -8% en 2013.
2) L’apprentissage, c’est pour l’industrie et l’artisanat
FAUX Si les apprentis se concentrent pour l’essentiel dans les métiers de production, 43% travaillent tout de même dans les services. Outre-Rhin, où le tissu industriel est pourtant plus développé, cette proportion est encore plus forte (59%), rappelle une étude menée par l’économiste Bertrand Martinot pour l’Institut Montaigne. Les apprentis y travaillent dans des entreprises de toute taille alors qu’en France, les TPE sont les plus gros recruteurs: les apprentis représentent 7,4% des effectifs des sociétés de moins de 9 salariés, 1,55% de celles de moins de 50 et moins de 1% de celles de 51 salariés et plus. A noter que si la fonction publique d’Etat emploie seulement 700 apprentis, elle est censée en accueillir 10.000 en 2017.
3) L’apprentissage consiste en des études courtes
FAUX Accessible aux jeunes jusqu'à 25 ans, cette formation qui alterne cours théoriques et périodes en entreprise permet de passer un CAP, mais aussi un bac professionnel et même des études supérieures (école de commerce, diplôme d’ingénieur, etc.). D’ailleurs, la part des jeunes suivant un cursus long ne cesse de s’accroître: en 2013, 26,6% des apprentis passaient un bac professionnel et 31% des études supérieures, contre respectivement 14% et 7% en 1996.
4) L’apprentissage, ça coûte cher
VRAI Ce système coûte en tout cas plus cher à l’Etat français qu’à son homologue allemand. En 2010, les aides publiques pour l’apprentissage se sont élevées à 2.869 millions d’euros en France (dont 2.564 millions pour les entreprises et 305 millions pour les apprentis), contre 1.439 millions en Allemagne (dont 970 millions pour les entreprises et 469 millions pour les apprentis). Si l’on rapporte ces sommes au nombre d’apprentis, l’on constate que «la France consacre trois fois plus de dépenses publiques par apprenti que l’Allemagne», note Bertrand Martinot. Notamment parce qu’outre-Rhin, les entreprises ne bénéficient pas d’exonération de cotisations sociales comme c’est le cas en France.
5) Un apprenti, ça ne peut pas tout faire
VRAI et FAUX Les apprentis mineurs peuvent désormais effectuer des travaux dangereux et/ou en hauteur. Certains voudraient aller plus loin. Dans une interview accordée aux Echos, Jean-Pierre Crouzet, président de l’Union professionnelle artisanale (UPA), demande des assouplissements en termes de travail de nuit et de rupture du contrat de travail. Pour l’instant, comme le rappelle Bertrand Martinot, passés les deux premiers mois de période d’essai, «la rupture ne peut intervenir que sur accord écrit des parties. En cas de faute grave ou (…) en raison de l’inaptitude de l’apprenti, une rupture du fait de l’employeur ne peut intervenir qu’à la suite d’une décision des Prud’hommes. Cette procédure dure habituellement plus d’un an et interdit à l’employeur de conclure un nouveau contrat avec un autre apprenti pendant toute cette durée».