Est-ce que les transports en commun français sont trop chers?
TRANSPORTS•La ministre de l'Ecologie a critiqué dimanche la hausse des prix de la SNCF...Oihana Gabriel
La hausse de trop? Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie a fustigé dimanche sur le Grand Jury (RTL/LCI/Le Figaro), des augmentations des prix des trains allant jusqu’à 2,6% au 1er janvier selon les types de tickets (sauf Prem’s et TER). Une décision justifiée par le passage de la TVA de 7 % à 10 %, mais qui alimente la grogne des usagers. Pour autant, la France garde des tarifs bas question transports en commun.
Des tarifs peu onéreux en zone urbaine
«Globalement les transports en commun sont très subventionnés et peu onéreux en France. Surtout dans les zones urbaines», souligne Yves Crozet, professeur d’économie à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon. Pour cet expert, membre du Laboratoire d'Economie des Transports, l'ampleur de la hausse est aussi à relativiser: «le prix des transports a augmenté moins vite que d’autres services de première nécessité comme l’eau, l’électricité, le courrier (le timbre a augmenté de 7%)», explique-t-il.
Selon un rapport de l'Union des Transports publics et ferroviaires, à Londres, le ticket de métro peut atteindre 5,4 euros, à Munich 2,5 euros et à Barcelone 2 euros, quand il se situe à 1,80 euro à Paris. Une étude du comparateur Goeuro place la France en 26e position sur 51 pays concernant le train, avec un prix moyen de 7,79 euros pour 100km. Pour le bus, la France se situe à la 33e place avec un prix en moyenne autour de 7,14 euros pour 100 km.
Les usagers paient entre 20 et 50% du coût du transport
«L’Etat subventionne massivement les transports en commun: à Lyon, l’usager ne règle que 50% du coût de fonctionnement, sans parler de l’investissement. Et c’est le maximum. Dans beaucoup de petites villes, c’est 20%», explique Yves Crozet.
D’autres initiatives en région visent à rendre les transports encore moins chers. Ainsi, depuis ce lundi, la région Languedoc-Roussillon commercialise un billet de TER à 1 euro. La ville d'Avignon pourrait bientôt imiter les 23 petites communes qui ont fait le pari de transport 100% gratuits.
Yo-yo tarifaire
Un petit tour sur internet permet de vérifier que les Français ne sont pas si mal lotis question mobilité. Un aller Paris-Lyon pour le 14 janvier coûte entre 65 et 97 euros. En Espagne, la Renfe propose un Madrid-Barcelone pour le même jour entre 42 et 106 euros. En Allemagne, un Berlin-Francfort coûterait entre 49 et 123 euros.
Toutefois ces tarifs affichent d’énormes différences selon les dates. Seuls les abonnements et les billets réservés longtemps à l'avance permettent de faire baisser l’addition. «Ceux qui vont aux enterrements subventionnent ceux qui partent pour un mariage», résume l’économiste du Laboratoire d'Economie des Transports
Dans ce contexte, cette nouvelle hausse ne serait-elle alors qu’un rattrapage logique? Loin de là. Même si elle ne changera pas la face de la grille tarifaire ferroviaire, cette hausse supérieure à l’inflation (0,5%), prouve pour l’expert que «la SNCF est un organisme du passé qui ne maîtrise pas suffisamment ses coûts» et «compense la baisse des volumes depuis 5 ans par une augmentation des tarifs».
De nouvelles augmentations à prévoir?
Avec le boom du covoiturage et la concurrence accrue des autocars, un secteur libéralisé avec la loi Macron, la situation pourrait toutefois se compliquer pour la SNCF. Des difficultés à ajouter aux baisses de dotations de l’Etat.
«En Espagne, Italie et Grèce où l’aide de l’Etat a brutalement baissé, les entreprises se sont réorganisées. Nous entrons dans une période de vaches maigres et l’usager devra sans doute payer plus», estime Yves Crozet.
Retrouvez notre googlemap du prix des transports en commun dans certaines grandes villes européennes au 1er janvier 2015 selon les données du Groupement des Autorités Responsables des Transports.