VIDEOS. Mort de Christophe de Margerie: A La Défense, les salariés de Total «sous le choc»
TÉMOIGNAGE•Jour de deuil pour Total. Sur le parvis des tours en verre, les salariés, émus après le décès de leur patron, saluent le charisme de «Big moustache»...M.B. avec AFP
«Parfois, il lui arrivait de descendre fumer son cigare, il disait bonjour». Au pied de la tour Total, à La Défense, les salariés «sous le choc» après la mort de Christophe de Margerie saluent «un emblême de la France industrielle» et «un manager chaleureux».
«C'est très difficile», «c'est un choc pour nous tous», «pas de commentaires»... Vers 9H00, de nombreux salariés, mine sombre et traduisant l'embarras, pressaient le pas pour se rendre à leur travail dans les tours du siège Total.
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Stupeur dans le groupe
La nouvelle de la mort de leur patron, tué à 63 ans dans la nuit de lundi à mardi dans le crash d'un avion privé qui s'apprêtait à décoller de l'aéroport de Vnoukovo, près de Moscou, a suscité la stupeur dans le groupe. Sur le parvis des tours en verre, les salariés pressés lâchent quelques mots émus sur Christophe de Margerie, son charisme et ses bacchantes qui lui valaient le surnom de «Big moustache».
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«C'était un bon vivant», résume Aymeric, un employé au siège, «quelqu'un de super humain et de très abordable», complète un autre avant de disparaître dans la tour. «Certes, c'était un financier ultra libéral, mais avec une enveloppe très humaine, proche de ses salariés», renchérit Sylvie, employée au service des ressources humaines.
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«Quelqu'un dont tout le personnel de Total estimait la valeur»
«Parfois, il descendait fumer son cigare et disait bonjour. On le voyait aussi dans l'ascenseur», relate en fumant la pipe Michel Sacleux, géologue-explorateur de 63 ans, depuis 1973 dans la boîte. «Le matin, quand il descendait de sa voiture, il disait bonjour, je peux vous dire que c'était pas le cas de tous les anciens présidents», confirme Annick, qui travaille au service exploration depuis 1991.
«C'est un choc parce que c'était quelqu'un dont tout le personnel de Total estimait la valeur et les compétences», commente Michel Sacleux, soulignant une personnalité «honnête et droite», «pas langue de bois». «Respecté des syndicats et des salariés, et au-delà, dans le monde de l'industrie», Christophe de Margerie était à coup sûr «un emblême de la France industrielle», selon lui.
«Humour et franc-parler»
«Jamais de toute (sa) carrière», Véronique Clabau, employée au service communication, n'a connu «un manager aussi chaleureux, proche de ses collaborateurs, qui arrivait à discuter facilement, avec les cadres, comme avec les ouvriers». «Atypique, il ne venait pas des grandes écoles, mais il était excellent», ajoute-t-elle admirative.
A la tête d'un groupe aussi puissant que contesté, Christophe de Margerie avait, selon elle, contribué par «son humour et son franc-parler» à «redresser l'image de l'entreprise auprès du grand public», notamment pour faire connaître les métiers Total, qui «ne sont pas que le pétrole». «Ca va être très dur aujourd'hui», soupire-t-elle. Pas inquiète pour l'avenir du groupe, elle pense quand même que la tâche du successeur qui prendra les rênes de l'empire Total sera «un vrai challenge».