FINANCESPourquoi les Français aisés sont-ils souvent à découvert?

Pourquoi les Français aisés sont-ils souvent à découvert?

FINANCESSelon une étude de Panorabanques, 51% des Français gagnant plus de 3.000 euros par mois dépassent leur découvert autorisé au moins une fois par an...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Etre dans le rouge n’est pas l’apanage des plus pauvres. Selon l’étude de Panorabanques publiée ce mercredi, 51% des Français ayant des revenus de plus de 3.000 euros par mois dépassent leur découvert autorisé au moins une fois par an (dont 14% une fois par mois).

L’autorisation de découvert, généralement incluse dans le package bancaire dont bénéficient les clients, leur permet d’être en rouge sur leur compte quelques jours par mois sans que cela ne génère des risques d’incident de paiement. «Elle est non seulement très utilisée par eux, mais pour certains Français aisés, cette réserve d’argent ne leur suffit pas, puisqu’ils se retrouvent en rouge vif au moins une fois par an», commente Guillaume Clavel, président de Panorabanques.

Des dépenses excessives

Une situation qui s’explique par plusieurs raisons. «Certains Français aux revenus confortables vivent au-dessus de leurs moyens. Plus ils gagnent, plus ils ont de charges, car ils se créent des besoins et n’ont pas conscience que leurs dépenses du quotidien finissent par asphyxier leur budget. Sachant que leur crédit immobilier pompe déjà un tiers de leurs revenus, certains finissent par avoir des difficultés en fin de mois», constate Serge Maitre, président de l’association française des usagers de la banque. D’autres se retrouvent dans la panade une fois dans l’année, lorsqu’une dépense imprévue leur tombe dessus ou qu’ils n’ont pas fait mensualiser leurs impôts sur le revenu et qu’il faut les payer en une fois.

De mauvais gestionnaires

Mais si les Français aisés se retrouvent dans le rouge vif, c’est aussi parce qu’une partie d’entre eux «sont de très mauvais gestionnaires», souligne Guillaume Clavel. «Ils sont très passifs avec leur banque. Pourtant, il existe des applications qui permettent de consulter son compte, de mettre en place des systèmes d’alerte lorsqu’on est proche du rouge. Mais certains clients ne les utilisent pas, et ne puisent pas non plus dans leurs revenus d’épargne pour renflouer leur compte courant», observe-t-il. «Ils sont négligents et se servent du découvert autorisé comme d’un volant de trésorerie. Ils ont l’impression que leur niveau de revenus les met au-dessus de certaines contingences et qu’ils n’ont pas besoin de se protéger alors qu’ils auraient pu décaler certains achats de quelques jours», renchérit Serge Maitre.

Plus étonnant: alors qu’ils savent qu’ils ont franchi la ligne jaune, rares sont les clients qui appellent leur banquier pour le prévenir de la situation et réclamer sa mansuétude. «Pourtant, dans ce cas-là, le conseiller accepte de ne pas facturer certains frais (les commissions d’interventions, qui coûtent le plus cher), mais seulement les agios (intérêts débiteurs)», précise Guillaume Clavel.

Des attitudes qui finissent par coûter cher, car selon l’étude de Panorabanques, le coût moyen d’un dépassement de découvert s’élevait à 59 euros en 2014. Et à trop tirer sur la corde, on risque de la casser, souligne Serge Maitre: «Un client qui dépasse plusieurs fois son découvert autorisé se met dans la dépendance de sa banque, qui peut décider de lui refuser cette facilité».